Luc Besson inaugure son "Hollywood-sur-Seine"
C'est en 2000 que le réalisateur à succès ("Le Grand Bleu", Le Cinquième élément", "Nikita"...) et producteur ("Taxi"...) a imaginé sa future "Cité du cinéma". Douze ans plus tard, il possède désormais les moyens de créer en France un film de A à Z. "C'est la fin d'une bizarrerie. La France a le premier cinéma d'Europe mais c'était aussi le seul pays européen où il n'y avait pas d'infrastructures pour accueillir la production de films", a affirmé vendredi à l'AFP Christophe Lambert, directeur général d'EuropaCorp, la société de Luc Besson.
Parmi la foule invitée vendredi matin à l'inauguration, l'on pouvait croiser l'ancien ministre de la Culture Jack Lang, le président de la Cinémathèque Costa Gavras et son directeur Serge Toubiana, ainsi que les élus locaux, dont le député de Seine-Saint-Denis et président de la Communauté d'agglomération Plaine Commune, Patrick Braouzec.Lors de son discours d'inauguration, Luc Besson, visiblement ému, s'est souvenu de sa première visite des studios de Billancourt, à l'âge de 17 ans, avant leur fermeture. "Ca sentait bon le cinéma" se souvient-il. "Un an plus tard, je visitais les studios Universal, à Hollywood et tombais amoureux des plateaux de cinéma, qui sont de véritables lieux de naissance".
62.000 m2 consacrés au 7e artL’ensemble du site recouvre 62.000 m2, dont 9 plateaux de tournage allant de 600 m2 à 2100 m2, deux d’entre eux comprenant des bassins pour filmer des scènes aquatiques. S’y ajoutent 12.000 m2 d’ateliers (décors, costumes, effets-spéciaux, postproduction…), la totalité des installations permettant de réaliser un film de A à Z, de l’écriture du script, à l’enregistrement de la musique. Ce complexe très ambitieux, Luc Besson l’a conçu parce qu’il « rêvait de tourner en France », après la frustration de ne pas trouver en France des infrastructures suffisantes pour la réalisation de films de grande envergure. « J’aime mon pays, a-t-il déclaré lors de l’inauguration, ajoutant que les techniciens français sont parmi les meilleurs du monde, qu’Hollywood s’arrache ».
La Cité du cinéma a d’ores et déjà trois films à son actif : la postproduction de « Taken 2 » (sortie 3 octobre), « Les Schtroumfs 2 » et le nouveau film signé Luc Besson, « Malavita », avec Robert De Niro et Michelle Pfeiffer qui était en tournage sur le plateau 5 au moment même de l’inauguration du site. Financement
En 1997, le cinéaste avait dû "s'expatrier un an et demi" pour tourner "Le Cinquième élément. "Ca l'avait rendu malade", se souvient le DG d'EuropaCorp. Le projet mûrit dans la tête du réalisateur qui finit, à force de détermination, par trouver et un lieu et des fonds.
Le financement a été bouclé en 2008 : 180 millions d'euros tout compris, dont 150 millions pour l'achat du foncier, détenu à 100% par la société Nef-Lumière (Caisse des dépôts, groupe Vinci) et 30 millions pour la construction des plateaux de tournage, financés à 50% par EuropaCorp, à 25% par le producteur et homme d'affaires tunisien Tarak Ben Ammar, 25% par Euro Média group. Dans un "quartier populaire"
Le site, celui d'une ancienne centrale thermique EDF à Saint-Denis, dans le style Art Déco, date de 1903. Elle offre l'avantage, aux yeux de Luc Besson, d'être situé "dans un quartier populaire", selon Christophe Lambert. Il l'avait découvert en tournant certaines scènes de "Nikita" (1990) et de "Léon" (1994). Les architectes ont tenu a garder le style de l'époque en le réhabilitant. Ils ont notamment gardé une turbine de 1930 qui trône au milieu de la nef centrale de verre et d'acier de 220 mètres de long, désormais décorée de graffs créés par de jeunes artistes de Saint-Denis. Patrick Braouzec, député de Seine-Saint-Denis et président de la Communauté d'agglomération Plaine Commune, concluait son intervention en lançant que la Cité du Cnéma marquait "le passage de la production d'énergie à l'énergie de la production". Jolie formule qui synthétise douze ans de travaux.
"La plus belle usine à rêves du monde", comme l'a qualifiée un jour le producteur Alain Terzian, abrite 23.000 m2 de bureaux, dont 19.000 dédiés à Europacorp, 11.000 m2 d'activités de production cinématographique, 10.000 m2 répartis en neuf plateaux de tournage et enfin 8.000 m2 qui abrite l'Ecole Nationale Supérieure du cinéma Louis Lumière qui accueille 150 étudiants.
Luc Besson parle de la future école du cinéma
La Cité du Cinéma comprendra également une autre école du cinéma, celle que Luc Besson a créée de toutes pièces pour y accueillir, gratuitement pendant deux ans, une soixantaine d'élèves, sans conditions de ressources ni de diplômes. L'école, qui propose deux formations (auteur-scénariste et réalisateur), ouvre officiellement ses portes le 1er octobre. "Ici, enseignement du cinéma et activité professionnelle sont mêlées. C'est une première en France. Les élèves peuvent croiser les stars d'Hollywood à la cafétéria, comme par exemple Robert de Niro", se réjouit le DG.La star américaine est l'une des vedettes du nouveau long-métrage que Luc Besson tourne depuis le mois dernier à la Cité du cinéma, "Malavita", avec Michelle Pfeiffer et Tommy Lee Jones. Autres films en tournage: "Vingt ans d'écart", une comédie avec Virginie Efira qui sortira en mars 2013, et la suite des Schtroumpfs, de l'Américian Raja Gosnell. "De gros producteurs américains viennent visiter nos studios et demandent des devis à Euro Média. C'est très encourageant", se félicite Christophe Lambert, selon qui, "d'ici un an, tous les studios seront remplis à 100%". Ils bénéficient d'avantages majeurs : la proximité avec Paris et l'installation des équipements technologiques les plus récents.
A l'occasion de l'inauguration, un dîner privé réunira des stars vendredi soir, notamment Sophie Marceau, Jean Dujardin, Jamel Debbouze, Alain Terzian, Robert de Niro, Michelle Pfeiffer...
Le public n'est pas été oublié : samedi, "une journée exceptionnelle de visite" doit être organisée par Plaine Commune.
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