Luc Besson soupçonné de détournement de fonds publics avec sa "Cité du cinéma"
Le réalisateur et patron d'EuropaCorp aurait bénéficié d'un soutien excessif de la part de l'Etat, selon "Le Parisien". Sa société se dit "surprise" et "indignée".
Luc Besson a-t-il abusé des pouvoirs publics pour pouvoir construire sa Cité du cinéma ? Selon Le Parisien-Aujourd'hui en France daté du samedi 16 novembre, la Cité du cinéma qu'il a fait construire en Seine-Saint-Denis, inaugurée en 2012, est dans le collimateur de la justice. "La Garde des Sceaux, Christiane Taubira, a depuis peu sur son bureau un signalement fourni de la Cour des comptes, évoquant rien de moins qu'un possible 'délit de détournement de fonds publics et de recel de ce délit'", écrit le quotidien.
Selon cette note d'alerte de 17 pages, "le financement public de la cité du cinéma, décidé contre l'avis des services de l'Etat et de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a été effectué pour permettre l'aboutissement du projet qu'une société privée portait pour son seul bénéfice". La société en question est EuropaCorp, créée par Luc Besson en 1999.
Europacorp s'est déclaré surpris et indigné par ces informations. La société affirme n'avoir "eu aucune connaissance d'un éventuel rapport de la Cour des comptes. Elle n'a d'ailleurs été interrogée par personne". "Il est à rappeler Europacorp n'a bénéficié d'aucune aide financière publique d'aucune sorte pour sa réalisation", ajoute le groupe, précisant que la Cité du cinéma, inaugurée en 2012 à La Plaine Saint-Denis "a été financée par un partenariat public-privé (La Caisse des Dépôts et le Groupe Vinci) et c'est ce modèle de financement qui a permis sa réalisation - sans l'intervention financière de la Seine-Saint-Denis".
"Opération hasardeuse"
Le Parisien détaille huits points clés de cette note qualifiée d'"explosive". Parmi les accusations les plus importantes, la Cité du cinéma serait un projet "à risque" depuis l'origine de sa création. "En 2004, la CDC, saisie d'une première demande, l'avait jugée trop risquée et rejetée: la rentabilité de l'opération était 'hasardeuse' car 'fortement liée à la capacité du territoire français à attirer d'importantes productions internationales'".
La part élevée de la contribution publique constitue un problème supplémentaire. "Depuis 2010, la CDC est propriétaire à 75% de l'ensemble immobilier construit (...) Or, en prenant 75% du capital de la Nef Lumière [la société ayant acquis l'immeuble construit pour 156 millions d'euros], la CDC ne s'est pas comportée en investisseur avisé", regrette la Cour des comptes. La note de la Cour des comptes fustige également la mise en place d'un crédit de 84,4 millions d'euros en 2009, accordé par des banques au plus fort de la crise financière.
Intervention de Claude Guéant
L'intervention du secrétaire général de l'Elysée de l'époque, Claude Guéant, n'y serait pas pour rien. "Les documents présentés font régulièrement mention de l'intérêt porté en haut lieu au projet, et notamment au souhait de la présidence de la République de le voir aboutir", poursuit la Cour, faisant allusion à Nicolas Sarkozy, proche du directeur général d'EuropaCorp, Christophe Lambert. Ce dernier est d'ailleurs devenu le conseiller en communication de Jean Sarkozy, fils de l'ancien président.
La Cour des comptes conclut son analyse en indiquant que "le caractère général du projet reste à démontrer". Sollicités par le journal, le réalisateur et producteur a indiqué que ni lui, ni sa société ne souhaitaient s'exprimer "pour l'heure", pas plus que Christophe Lambert.
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