Lumière 2016 : Park Chan-wook décrypte son cinéma de la noirceur
"Il y a de la violence dans mes films, je ne peux le nier", a-t-il dit lors d'une masterclass organisée par le festival Lumière. Pour lui, impossible de l'éviter "car elle est présente dans la société et chez l'être humain. "Je pense que nous autres êtres humains pouvons être aussi élégants que violents". "Les vengeances que je narre sont souvent plus profondes que de simples vengeances méritées. Pour moi, c'est un acte de désespoir, l'un de ceux qui nous différencie le plus des animaux".
Reportage : J. Sauvadon / S. Goldstein / J. Adde / F. Gramond
Issu d'une famille catholique, le cinéaste collectionnait des cartes de saints qu'il classait dans un album après la messe. "Sauf que ces peintures sacrées montraient des scènes de sacrifices, de tortures et d'exécutions des saints. J'en étais obsédé", a-t-il précisé.
Park Chan-wook a souligné que "les problèmes de la société coréenne influencent directement ou indirectement" tous ses films. En revanche, il n'a pas dissimulé ses réticences face à la culture japonaise. "Je sais combien sa beauté est attirante, mais en tant que Coréen, je sais aussi toute la violence qu'elle contient, même si j'en apprécie certains aspects. Un Coréen qui a vécu l'occupation japonaise ne peut pas l'accepter aussi facilement".
100% cinéma
Jusqu'en 2000, Park Chan-wook a mené de front ses activités de critique de cinéma et de metteur en scène. Après le succès commercial de "Joint Security Area", son 3e film, il s'est exclusivement consacré à la réalisation. "Ce qu'il manquait à mes premiers films, c'est que je n'ai pas réussi à dialoguer avec les spectateurs", a-t-il affirmé. Avec "Old Boy", auréolé du Grand Prix à Cannes en 2003, le Coréen touche du doigt la reconnaissance internationale. Il confirme sa montée en puissance en 2009 avec "Thist", qui remporte le Prix du Jury sur la Croisette.Depuis, ce cinéphile invétéré, a réalisé en 2013 "Stoker", son premier film en anglais, avec Nicole Kidman et Mia Wasikowska dans les rôles principaux, et "Mademoiselle", un thriller inspiré du roman "Du bout des doigts" de la Britannique Sarah Waters. "Quand j'étais petit, il n'y avait ni cinémathèque, ni DVD en Corée. Je n'ai pas eu la culture du cinéma que j'aurais souhaité car il y avait beaucoup de censure dans mon pays. Je regardais tout ce qui me tombait dessus, je n'avais pas d'autre choix", a-t-il raconté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.