"Metro Manila" : thriller social implacable aux Philippines
De Sean Ellis (Grande-Bretagne), avec : Jake Macapagal, Althea Vega, John Arcilla - 1h55 - Sortie : 17 juillet 2013
Synopsis : Aspirant à une vie meilleure, Oscar Ramirez et sa famille quittent les montagnes du nord de la Philippine où ils vivent et viennent s'installer dans la ville de Metro Manila. Proie idéale dans cette ville impitoyable, Oscar va devoir tout risquer pour les siens.
Le rêve brisé
S’il a déjà trois longs métrages derrière lui, le britannique Sean Ellis ne s’est guère fait remarquer avec « Cash Back », « The Broken » ou « Lunar Park ». La donne pourrait bien changer avec « Metro Manila », un projet qu’il porte depuis des années et qui prend forme aujourd’hui. Il y fait montre d’une écriture au millimètre, comme dans sa mise en scène pour nous plonger au cœur de la société philippine. Avec à la clé un mérité Prix du public au Festival du cinéma indépendant de Sundance cette année.
Le film semble résulter d’une rencontre. Celle d’un cinéaste avec un pays, par le biais d’une image : un convoyeur de fonds menacé par un collègue. A partir de ce fait divers, Sean Ellis a fantasmé ce qui avait bien pu se passer entre les deux hommes. Le résultat est édifiant. Il pend source chez une famille d’agriculteurs contrainte de quitter la province la plus pauvre du pays pour gagner son pain quotidien. Les premières arnaques passées, comme un rite, Oscar, le père, décroche la timbale : un poste de convoyeur de fonds. L’intégration se passe bien. C’est la suite qui va biaiser le rêve… presqu’atteint.
Universel
Sean Ellis aime son sujet, ses personnages, son récit. La rencontre est palpable à la vision d’un film extrêmement efficace par tous les bouts qu’on le prenne. Adjoint d’une équipe de techniciens locaux, le film reflète l’amour du pays, mais aussi la volonté de parler de ses difficultés. Une conscience de la part des deux parties solidaires pour faire passer au spectateur une réalité. Une réalité mondialiste qui, si elle est philippine dans le film pourrait être mexicaine (on pense à « Miss Balla »), chinoise, européenne : universelle. Celle de la volonté d’un homme à faire vivre sa famille et prêt à se sacrifier pour elle.
D’abord social, le film se plonge rapidement dans l’ambiance d’un thriller sans jamais lâcher sa corde originelle. Celle d’une lutte pour survivre. L’épouse d’Oscar va devoir se faire « hôtesse » pour apporter le complément du loyer, lui, devra fermer les yeux… jusqu’au dérapage. Le film prend le tour d’un polar, mais il parle avant tout d’amour, grâce à un excellent script qui nous embarque du début à la fin dans une histoire captivante, généreuse et pleine de sens. Une adhésion qui augure d’un réalisateur qui s’est désormais fait les dents et dont on espère beaucoup. Beau film, beau geste.
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