Mort de Jean-Jacques Beineix : "Il était très profond, très cultivé et en même temps, il était populaire", salue Dominique Besnehard
Dominique Besnehard et Jean-Jaques Beineix ont travaillé ensemble pendant des années. Vendredi, l'ancien directeur de casting salue la mémoire du réalisateur avec émotion après le décès de ce dernier jeudi.
L'ancien directeur de casting, Dominique Besnehard, a fait part vendredi 14 janvier sur franceinfo, de son chagrin après la mort jeudi du réalisateur Jean-Jacques Beineix à l'âge de 75 ans. "J'ai énormément de peine parce que c'est quelqu'un avec qui j'ai travaillé. Franchement, c'est dur", a-t-il déclaré. Il dénonce le rôle de la critique de cinéma qui n'a pas été tendre avec lui : "Quand elle décide, avant d'aller voir le film, de ne pas aimer, c'est un mal terrible", dit-il. "Il était très profond, très cultivé et en même temps, il était populaire", a-t-il souligné.
franceinfo : Comment avez-vous débuté avec Jean-Jacques Beineix ?
Dominique Besnehard : J'avais fait le casting du film 37,2° le matin. Je connaissais Jean-Jacques depuis 1975 puisqu’il était assistant à l'époque sur le film L'aile ou la cuisse de Claude Zidi. Je travaillais avec Claude Berri. Il m'a tout de suite fait confiance. J'avais 20 ans. J'ai toujours adoré son invention, sa curiosité. C'était un personnage multiple, à la fois très profond, et aussi très drôle. On oublie qu'il était très drôle. Du reste, dans 37,2° le matin, il y a beaucoup, beaucoup de scènes très drôles. Il y a de l'émotion et de la drôlerie. J'ai fait le casting de Diva. À l'époque, cela a été une petite bombe. Diva c'est un film qui est sorti dans les salles. Il n'a pas du tout marché. Et c'est grâce aux César. A l'époque, les César permettaient à des films de marcher. Ensuite, on a fait de La lune dans le caniveau et j'ai fait 37,2° le matin.
C'est quelqu'un qui servait de petites mains dans les productions de films. Il avait hâte de montrer son talent à cet époque ?
Il a été assistant. Il est passé par la petite porte. Il a travaillé avec Jean Becker. Il avait fait cette série culte avec Micheline Prêles et Daniel Gélin, Les cinq chéries. Il était curieux. Il était très profond, très cultivé et en même temps, il était populaire. Il adorait les gens. En même temps, il avait des moments sombres. J'avais des rendez-vous le matin pour le casting, cela n'allait jamais. Un peu comme Maurice Pialat. Et puis, au cours de la journée, il s'éveillait. J'ai énormément de peine parce que c'est quelqu'un avec qui j'ai travaillé. Franchement, c'est dur (il sanglote).
Jean-Jacques Beineix a été meurtri par les violentes critiques à l'égard de ses films ?
Notamment à Cannes avec La lune dans le caniveau. C'était la bataille d'Hernani. Il avait une folie à l'image. Et quand on disait qu'il faisait de l'esthétisme de pub, c'est absolument faux. Dans 37°2 le matin, on ne fait pas venir quatre millions de personnes s'il n'y a pas tout d'un coup une espèce de connivence avec le public. Les gens se sont retrouvés dans ce film. IP5, c'est un film douloureux puisque c'est là où Yves Montand a perdu la vie. Même son dernier film, Mortel Transfert, avait plein de qualités. Mais la critique quand elle décide, avant d'aller voir le film, de ne pas aimer, c'est un mal terrible. Il a été victime de ce mal où les gens avant d'aller voir le film, ils savaient qu'ils n'allaient pas aimer.
Vous avez sûrement une pensée pour Béatrice Dalle ?
Je pense à Jean-Hugues Anglade et à Béatrice Dalle. Je ne pense pas que Béatrice fera d'interviews. Elle lui doit tout quand même. C'est son pygmalion. Il s'est battu parce que certains ne voulaient pas qu'on la prenne en disant qu’elle n'est pas connue. Elle a apporté un style de femme. Elle est vraiment comme ma sœur. Elle a beaucoup de chagrin et ce n'est pas quelqu'un qui va malheureusement va pouvoir parler.
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