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Mort de Yannick Bellon, cinéaste féministe réalisatrice de "L'amour violé"

La cinéaste féministe Yannick Bellon a marqué les années 70 et 80 avec des films engagés comme "L'amour violé".

Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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La réalisatrice Yannick Bellon (à droite) au Festival international du cinéma de San Sebastian, 25 septembre 1974 (EFE / MAXPPP)

La réalisatrice Yannick Bellon est morte dimanche à l'âge de 95 ans, a indiqué lundi son entourage à l'AFP. Celle qui était également monteuse et productrice a tourné huit long-métrages et une dizaine de formats courts, abordant des questions sociétales, du viol au cancer du sein, en passant par la bisexualité.

Un cinéma "de combat"

"J'ai traité à plusieurs reprises dans mes films certains aspects de la réalité féminine parce que je me sens complètement concernée par la condition des femmes", disait à la revue 24 images la cinéaste qui se voyait comme "le contraire de la résignation".

"Le regard que portait Yannick Bellon sur le monde va nous manquer. Son cinéma restera comme le témoignage de ses combats", a commenté le ministre de la Culture Franck Riester sur Twitter.

Née à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) le 6 avril 1924, elle grandit dans une famille d'artistes, auprès notamment d'une mère photographe, proche des surréalistes. Après un passage par l'Idhec (Institut des hautes études cinématographiques, devenu la Femis), dans la même promotion qu'Alain Resnais, elle débute au cinéma en 1948 par Goémons, qui obtient le grand prix du documentaire à Venise.

Elle tourne ensuite plusieurs autres documentaires et courts-métrages, comme Colette, sur la vie de l'écrivaine, Varsovie quand même, sur la renaissance de la ville-martyre après la guerre, Le souvenir d'un avenir, travail effectué à partir des planches contacts des archives de sa mère, co-réalisé avec Chris Marker.

Les héroïnes du quotidien

En 1972 sort son premier long-métrage, Quelque part quelqu'un, avec Roland Dubillard et sa soeur Loleh Bellon, puis, deux ans plus tard, La femme de Jean, avec Claude Rich, sur la reconstruction d'une femme quittée par son mari. Après la sortie du film, rappelait le magazine Télérama en 2017, on nommait "femmes de Jean" "ces héroïnes du quotidien qui, sans esbroufe, parvenaient, si l'on ose dire, à ressusciter".

En 1978, Yannick Bellon a le courage de filmer le viol dans toute sa violence crue : c'est L'amour violé, avec Nathalie Nell, Daniel Auteuil et Pierre Arditi, centré, une nouvelle fois, sur la difficile renaissance de la victime après une période de désespoir. Le film, qui avait eu du mal à trouver un producteur, déchaine les passions et devient son plus grand succès public.

En 1981, L'amour nu, avec Marlène Jobert, raconte l'histoire d'une femme courageuse qui tombe amoureuse d'un homme tout en étant diagnostiquée cancéreuse : là encore, il s'agit d'un retour à la vie. Son dernier film de fiction (1992), L'affût, est l'histoire d'un instituteur, écologiste avant l'heure, (Tchéky Karyo) opposé à la chasse et qui veut créer une réserve ornithologique.

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