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Mort du cinéaste burkinabé Idrissa Ouedraogo à 64 ans

Le réalisateur et producteur burkinabé Idrissa Ouédraogo est décédé d’une maladie dimanche à Ouagadougou âgé de 64 ans, a annoncé l'Union nationale des cinéastes du Burkina. Auteur d'une quarantaine de films, Idrissa Ouédraogo a été récompensé dans les plus grands festivals, obtenant le Grand Prix du Jury à Cannes pour "Tilaï" en 1990.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le cinéaste burkinabé Idrissa Ouedraogo (2008)
 (Bertrand GUAY / AFP)

Etudes à Paris

Figure emblématique du cinéma africain des années 1980-2000, Idrissa Ouédraogo avait débuté sa carrière cinématographique en 1981 avec une fiction intitulée "Poko". Ce film avait obtenu, la même année, le prix du meilleur court-métrage au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco)

Après avoir complété sa formation à l'Institut des hautes études cinématographiques (Idhec, l’ancienne Fémis) de Paris et à la Sorbonne, il réalise en 1986 son premier long métrage "Yam daabo" ("Le choix"), récompensé par la Caméra d'Or à Cannes en 1987, suivi deux ans plus tard de "Yaaba" ("Grand-mère"), qui obtient le Prix de la critique internationale sur la croisette.

En 1990, il sort "Tilaï", transposition d'une tragédie grecque dans l'Afrique contemporaine, qui triomphe au festival de Cannes et au Fespaco, qui le récompense de l'Étalon de Yennenga. Il présidera le jury du Fespaco en 2003.

La vie des gens ordinaires

Idrissa Ouédraogo s'est aussi essayé au théâtre. En 1991, il avait mis en scène "La Tragédie du roi Christophe" d'Aimé Césaire à la prestigieuse Comédie-Française à Paris.

Cinéaste prolifique malgré les conditions économiques difficiles pour tourner en Afrique, Idrissa Ouédraogo a imposé son esthétique particulière.

"Il a raconté la vie de gens ordinaires, plantant sa caméra dans les zones rurales plutôt que dans les villes, il a su rendre la beauté des zones sahéliennes", explique Abdoulaye Dragoss Ouédraogo, cinéaste et professeur d'ethnologie visuelle à l'université de Bordeaux.

"Tilaï" tourné en langue mooré

"Tilaï", transposition d'une tragédie grecque dans l'Afrique contemporaine, avait été tourné dans un village du pays Mossi, au nord du Burkina Faso, la région où le cinéaste a grandi. 
"J'aime ce décor beau et brutal",  déclarait Idrissa Ouédraogo à l'AFP en 1990.

Servi par un casting d'acteurs non-professionnels, le film était en langue mooré, plutôt qu'en français, pour préserver son authenticité.
 
En 1993, "Samba Traoré", qui raconte le retour au village d'un homme qui prétend avoir fait fortune à la ville - en réalité grâce à un braquage - et qui n'échappera pas à son destin, avait obtenu l'Ours d'argent à Berlin.

Le maestro du cinéma burkinabé

Idrissa Ouedraogo a tourné par la suite en France ("Le cri du coeur" avec Richard Bohringer), au Zimbabwe (Kini and Adams") et il est le seul réalisateur africain à avoir participé au film collectif "11'09'01" sur les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, présenté à la Mostra de Venise.

"Le Burkina Faso vient de perdre un réalisateur à l'immense talent", qui "aura beaucoup œuvré au rayonnement du cinéma burkinabè et africain hors de nos frontières", a réagi le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré, dans un communiqué dimanche.

"C'est un baobab qui s'est effondré", a réagi le comédien burkinabè Gérard Sanou.
"C'était le maestro du cinéma burkinabè. C'est douloureux, une perte inestimable pour nous et pour l'Afrique toute entière", a déploré Rasmané Ouédraogo, l'un des principaux acteurs du film "Tilaï"

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