Mostra de Venise : l'extrême droite dans le collimateur avec deux films sur Steve Bannon et Anders Breivik
Cinq jours d'entretien
"On peut faire l'autruche, mettre la tête dans un trou et dire que le danger n'existe pas, mais le danger existe et mieux vaut comprendre sa nature", a ajouté de cinéaste de 70 ans, clairement hostile aux idées de Bannon.
Son film est un dialogue basé sur cinq jours d'entretiens réalisés avec le conseiller de l'ombre, décrit comme celui qui a porté Donald Trump à la Maison Blanche en 2016, avant d'être limogé durant l'été 2017. "Nous allons vivre une autre crise financière, tous les gens intelligents la voient arriver", annonce Steve Bannon, 64 ans. L'ex-conseiller stratégique à la Maison Blanche raconte comment il a rebattu les cartes d'une campagne présidentielle qui s'annonçait comme une cuisante défaite pour le "superstitieux" Donald Trump.
L'ancien patron du site d'informations ultra-conservateur Breitbart explique qu'il a simplifié la campagne à une série de slogans populistes : "Construire le mur" (pour lutter contre l'immigration mexicaine), "Détruire l'Etat islamique" ou encore "Quitter l'Irak et l'Afghanistan". Il affirme avoir pressé le président Trump de "frapper fort" dès son arrivée dans le bureau ovale en prenant une série de mesures dont le très contesté "Muslim ban", décret interdisant pour des raison de sécurité nationale les ressortissants de six pays, dont cinq à majorité musulmane, d'entrer sur le territoire américain.
Trump "naïf"
Pourtant, explique Errol Morris, "si vous demandez à Bannon s'il est raciste ou antisémite, il vous dira non !" "Il a appelé (le président français) Macron le banquier de Rothschild, intéressé seulement par l'argent, alors j'ai demandé à un ami juif professeur à Harvard ce que cela signifiait et il m'a répondu que c'était un signal très clair", confie Errol Morris.
"Un 22 juillet"
Ce jour-là, il commet un attentat à la bombe visant un édifice gouvernemental à Oslo, causant huit morts avant de tuer 69 personnes, en majorité des adolescents, dans un camp d'été de la Ligue des jeunes travaillistes de Norvège sur l'île d'Utøya, non loin de la capitale. "L'Europe, et l'Occident en général, sont entraînés vers la droite et le populisme d'une manière inédite depuis la Seconde Guerre mondiale", a estimé Paul Greengrass, 63 ans.
Un tendance due à la crise économique de 2008 - avec ses conséquences sur la croissance et l'emploi - et "aux peurs liées aux mouvements de population", a expliqué le réalisateur de "Bloody Sunday" (2002). "Il y a, à l'intérieur de ce mouvement, des forces qui sont celles de la droite violente et qui m'ont amené aux événements survenus en Norvège", a-t-il ajouté. "Nous offrons le film avec humilité au monde comme une forme de méditation sur la façon pour nous de gagner la bataille".
Ce film fort, qui montre crûment la détermination de Breivik puis son procès, est tiré du livre de la journaliste Asne Seierstad et sera diffusé par Netflix en octobre.
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