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Mostra de Venise : l'amour de la culture européenne dans "Francofonia"

"Que serions-nous sans les musées ?", s'interroge le réalisateur russe Alexandre Sokourov dans "Francofonia", un hymne à la beauté dans lequel le Louvre est le symbole de la culture européenne. En compétition à la Mostra de Venise, "Francofonia" est un monologue de près d'une heure et demie de Sokourov, Lion d'Or en 2011 pour "Faust".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Photo extraite du film "Francofonia" du réalisateur russe Alexandre Sokourov (2015)
 (Allo Ciné)

"Faire ce film a été une nécessité critique et catégorique absolue, parce que nous autres, êtres humains, n'avons pas seulement un besoin physiologique de nous reproduire mais également un devoir moral de vivre à travers l'art, et les musées en sont l'illustration", déclare le réalisateur à l'AFP-TV. "Francofonia", ce sont des récits sur l'histoire architecturale du Louvre, des travellings sur les oeuvres les plus marquantes : "Le radeau de La Méduse" de Géricault, "la Liberté guidant le peuple" de Delacroix, la "Victoire de Samothrace" mais aussi "la Joconde", les taureaux ailés de Khorsabad ou le "Couronnement de Napoléon" de David... Mais ce sont aussi des dialogues entre l'auteur et Napoléon : "J'ai tout apporté ici, moi. Tout. Sinon pourquoi j'aurais fait la guerre, si ce n'est pour l'art ?", s'exclame l'empereur, rappelant que c'est lui qui a décidé de faire du Louvre un musée national et qui l'a enrichi de ses prises de guerre en Egypte, en Italie..

A ces images actuelles, où l'on voit aussi une Marianne errer dans le Musée en répétant "Liberté, égalité, fraternité", s'ajoutent, et parfois  s'entremêlent, des films d'époque datant de la Seconde guerre mondiale, durant l'occupation allemande. Le Louvre, sur décision de son directeur Jacques Jaujard (joué par Louis-Do de Lencquesaing), avait été vidé de ses oeuvres et 6.000 caisses renfermant ses précieux trésors avaient été envoyées dans des châteaux de province. La relation de confiance de Jaujard avec le comte de Metternich, en charge de la préservation du patrimoine artistique dans les pays occupés par les nazis (le Kunstschutz), est l'un des aspects forts de "Francofonia", la seule partie strictement "fiction" du film.

Affiche du film "Francofonia" du réalisateur russe Alexandre Sokourov

Culture française 'trahie'

              
Par crainte des pillages et des destructions, Metternich, pressé pourtant par ses supérieurs, refuse de faire rapatrier les oeuvres à Paris, en prétextant la lourdeur bureaucratique. Cet acte lui vaudra d'être épargné à la Libération et décoré de la Légion d'honneur, avec l'appui de Jaujard.

C'est à cette résistance, à la culture dominante américaine mais surtout à la barbarie de l'Etat islamique, destructeur de la cité de Palmyre, que "Francofonia" veut rendre hommage. Ce sont "des bêtes, des monstres: j'ai plus de points communs avec un loup de Sibérie qu'avec ces monstres", assène Alexandre Sokourov, 64 ans, à l'évocation des auteurs de la destruction du patrimoine syrien. "Que Dieu me pardonne, mais je souhaite leur anéantissement, car il est clair à présent que ce sera nous ou eux", ajoute cet habitué du festival de Cannes, où il a présenté ses longs-métrages à la veine intimiste "Père, fils"  et "Alexandra".
L'objectif du film, explique le réalisateur, auteur de "L'arche russe" (2002), un plan séquence de 96 minutes tourné au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, était de "mettre en valeur une certaine tendance universelle qui tend à célébrer la culture française, même si elle est en déclin". Cette culture française, et plus généralement européenne, a été "trahie", estime-t-il, avant de lâcher: "Si on ne fait rien pour la défendre, elle n'existera bientôt plus"

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