Mostra : Frears grand favori des critiques mais peut-être pas du jury
Mais le jury présidé par Bernardo Bertolucci -cinéaste très attentif à l'univers des jeunes- lui préfèrera peut-être "Tom à la ferme", thriller psychologique du Québécois Xavier Dolan, réalisateur prodige de seulement 24 ans, qui raconte le séjour d'un jeune publicitaire de Montréal dans la ferme de la famille de son amant, décédé.
Rares sont les fois, en effet, où le favori après le clap final a finalement remporté le Lion d'or. Le plus vieux festival du monde "tire sa force des risques qu'il prend", avait confié à l'AFP M. Bertolucci, au début du festival. La cérémonie de clôture commencera vers 17H00 GMT, le nom du vainqueur du Lion d'or étant attendu une heure plus tard.
Derrière "Philomena" qui s'inspire de l'histoire réelle d'une mère célibataire irlandaise (Judi Dench) à la recherche de l'enfant qui lui a été arraché à sa naissance, "Child of God" de James Franco, bénéficie aussi des faveurs de la critique pour emporter la récompense suprême. Scott Haze, 25 ans, y incarne un marginal qui sombre progressivement dans la folie et se transforme en tueur nécrophile. Haze qui s'est préparé au rôle en s'isolant pendant trois mois et en dormant dans des grottes, a de bonnes chances de décrocher le prix du meilleur acteur.
Le jury composé de la réalisatrice et écrivaine britannique Andrea Arnold, de l'actrice française Virginie Ledoyen, du directeur de la photographie franco-suisse Renato Berta, de l'actrice allemande Martina Gedeck, de l'Américaine Carrie Fisher, de l'acteur et réalisateur chinois Jiang Wen, du réalisateur chilien Pablo Larrain et du grand compositeur Ryuichi Sakamoto, pourrait aussi lancer un message politique. A un moment où tous les regards sont braqués sur une possible intervention militaire américaine en Syrie, le documentaire "The unknown known", consacré à l'ex-secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, a ainsi été remarqué pour son cynisme terrifiant. Le jury pourrait à l'inverse choisir d'honorer "Ana Arabia" du cinéaste israélien Amos Gitaï, sur la possibilité d'une coexistence entre Juifs et Arabes.
Sociétés malades
Désagrégation des liens familiaux, folie, inceste, mutilations, suicide, violence contre les femmes et les enfants, abandon de tout espoir dans la vie et de toute faculté d'aimer...: cette 70e Mostra a été marquée par des films très sombres, d'une grande diversité et originalité dans la forme, souvent hyperréalistes et pour un bon nombre mettant en scène des acteurs non professionnels.
La critique a noté en particulier le film "Miss Violence" du Grec Alexandros Avranas qui relate l'histoire d'une famille modeste apparemment sans histoires, où le drame éclate avec le suicide d'une petite fille de onze ans. Les vingt films en compétition étaient souvent longs, se transformant en une lente dissection de sociétés contemporaines malades. En net contraste avec le glamour du tapis rouge (George Clooney, Sandra Bullock, Scarlett Johansson, Nicolas Cage...) et l'attitude joyeuse et attentionnée des hôtes du festival. Un seul film français était en compétition cette année
"La jalousie" de Philippe Garrel, sur l'amour et la difficulté d'aimer, en noir et blanc, interprété par deux des enfants du réalisateur, Louis et Esther, est inspiré du parcours de son propre père, Maurice Garrel, décédé en 2011. C'est un autre film français qui aura l'honneur de clore la Mostra samedi soir: "Amazonia", fiction animalière en 3D de Thierry Ragobert, ancien collaborateur du commandant Jacques-Yves Cousteau, avec pour protagoniste un petit singe.
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