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On a testé l'exposition immersive "Le Labyrinthe de Tim Burton" au Parc de La Villette

Statues grandeur nature, décors, costumes et de nombreux dessins originaux du maître de l'étrange jalonnent ce parcours immersif dans l'univers de Tim Burton, à voir tout l'été. On en ressort plus enchanté qu'effrayé.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Le réalisateur américain Tim Burton dans le vestibule de son exposition-Labyrinthe conçue par les Espagnols de Letsgo. (FABIAN MORASUT)

Après Madrid,  l’exposition immersive consacrée à l’univers étrange de Tim Burton a ouvert ses portes sous forme de "labyrinthe", fin mai à Paris et est à voir tout l'été. Dès le seuil, le ton est donné : soulever les lourds rideaux rouges pour pénétrer dans l’exposition, c’est entrer dans la gueule d’un monstre aux dents acérées tout droit sorti de l’imagination gothique débordante du réalisateur américain. Là, un buzzer aide à choisir parmi quatre portes numérotées pour commencer l’aventure. Elle nous mène de salles en salles, une bonne quinzaine, dont chacune déploie un thème particulier tels que "Monstres incompris", "Lieux étranges", "Jouets tragiques", ou encore "Amours, fantômes et cimetière".

Le réalisateur et scénariste américain Tim Burton dans la gueule d'un de ses monstres, qui constitue l'entrée de son exposition-Labyrinthe. (BENOIT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

Un parcours original, non linéaire


Aucun risque de se perdre vraiment dans ce "labyrinthe" de 5000 m2 dressé sous un chapiteau de fête foraine. Car il s'agit surtout d'offrir au visiteur une déambulation originale et unique résultant de ses choix : il y aurait plus de 200 manières différentes de le parcourir et aucune possibilité de retourner en arrière, sauf à repasser par la case départ.

Entouré de champignons géants, le Chapelier fou salue les visiteuses dans une salle du Labyrinthe de Tim Burton. (LAURE NARLIAN / FRANCE INFO)

Poussez cette porte et vous vous retrouvez nez à nez avec une énorme tête de clown effrayant montée sur ressorts et un mur de HaHaHa! vert fluo qui ravira les adeptes d'Instagram. Choisissez cette autre porte et découvrez Victor et son chien Frankenweenie revenu d’entre les morts, alors qu’une pluie orageuse zébrée d’éclairs fait rage au plafond. Une autre porte vous mène dans une forêt de champignons géants en compagnie du Chapelier Fou d’Alice au pays des merveilles. Un pas de plus et le chat du Cheshire vous invite à un jeu de cache-cache sur les murs, quand ne se mettent pas à grouiller sous vos pieds d’affreuses bébêtes dans la pièce consacrée à Beetlejuice. Pénombre nimbée de couleurs, climats étranges, effets technologiques et musiques mi-féériques mi-lugubres signées Danny Elfman: on n’est pas loin de la maison hantée des parcs d’attraction, la frousse en moins, l’émerveillement en plus.

La salle consacrée aux clowns malaisants dans le Labyrinthe de Tim Burton. (FABIAN MORASUT)

Les dessins du maestro à l'honneur

Si des statues grandeur nature à l’effigie des héros des films de Tim Burton trônent dans nombre de salles, de Edward aux mains d’argent (très réussi) à Emily, la mariée des Noces Funèbres, voile déchiré au vent, en passant par l’inquiétant Monsieur Jack, cette exposition met surtout en avant les dessins du réalisateur. Car chez lui, tout part toujours d’un dessin. La majeure partie de son temps il la passe à griffonner les images surréalistes qui hantent son cerveau tourmenté. Ses mystérieuses créatures, souvent monstrueuses, maladroites ou tragiques, sont autant de métaphores visuelles de son ressenti. Sous des dehors minimalistes, elles en disent long. "La première fois que je suis allé travailler avec Tim sur Edward aux mains d’argent, tout ce que j'ai eu c’était un petit dessin qu’il avait fait", se remémore Johnny Depp, cité dans un cartel à l’exposition. "Un coup d’œil à ce dessin était tout ce dont j’avais besoin pour comprendre ce qu’était Edward".

Trois dessins et aquarelle originaux du réalisateur, montrés dans "Le Labyrinthe de Tim Burton". (LAURE NARLIAN / FRANCEINFO)

En chemin, il faut donc résister à l’envie de pousser la prochaine porte et prendre le temps d’admirer les plus de 150 dessins, aquarelles et croquis originaux présentés, dont beaucoup de dessins préparatoires, parfois rares ou inédits. On a adoré voir certains d’entre eux s’animer sur de petits écrans, une façon poétique et ingénieuse de montrer comment les idées prennent vie dans la tête de Tim Burton.  Ce labyrinthe a d’ailleurs été conçu comme une plongée dans la psyché du réalisateur prolifique, dans les méandres "de son esprit et de son inspiration", explique Alvaro Molina, le scénographe espagnol du labyrinthe.

The Oyster Boy (Le Petit Enfant Huître) de Tim Burton à l'exposition-Labyrinthe consacrée au réalisateur. (FABIAN MORASUT)

Quelques trésors inédits

On peut regretter que le parcours fasse l’impasse sur certains personnages et univers qu’on aurait aimé croiser ici, tels Dumbo ou Sleepy Hollow. Heureusement, l’exposition recèle quelques jolies surprises. Car toutes les créatures sorties du chapeau de Tim Burton et au bout de son crayon n’ont pas été déclinées sur grand écran, loin s’en faut. Certaines sont restées à l’état d’idée sur le papier. D’autres ont pris forme pour cette exposition. Notre préférée ? L’adorable Garçon huître (The Oyster Boy), que Tim Burton évoquait en 1997 dans son recueil de poésie La Triste Fin du Petit Enfant Huître, qui se faisait manger par son père… Sa sculpture est une œuvre d’art à part entière. Une sculpture qu’on a envie de câliner. Macabre et tordue peut-être, l’imagination de Tim Burton est surtout celle d’une âme hypersensible.

Le Labyrinthe de Tim Burton, une exposition réalisée avec la compagnie espagnole Letsgo, est à voir jusqu’au 20 août à L’Espace Chapiteaux du Parc de La Villette (1h de visite), Quai de la Charente Paris 19e - Telephone 01 41 57 32 19

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