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Oscar du meilleur film pour Coda : Eric Lartigau est "très heureux" que l'adaptation américaine de "La famille Bélier" remporte ce prix

"C'était très émouvant", a réagi sur franceinfo lundi le réalisateur de "La famille Bélier", après que l'adaptation américaine a remporté l'Oscar du meilleur film à Los Angeles.

Article rédigé par franceinfo
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Éric Lartigau, le 9 septembre 2017, lors du festival du film américain de Deauville.  (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Le film Coda de la réalisatrice Sian Heder a reçu l'Oscar du meilleur film lundi 28 mars à Los Angeles. Il s'agit de l'adaptation américaine de La famille Bélier, sorti en France en 2014. Invité de franceinfo lundi, le réalisateur français Éric Lartigau, à qui on doit La famille Bélier, se dit "très heureux" que "ce film qui parle de transmission, d'être ensemble" ait remporté ce prix. Il n'a pas voulu participer à l'adaptation du film parce que "de toutes façons, il sera différent".

franceinfo : Je crois savoir que vous avez la larme facile. Avez-vous été rattrapé par l'émotion avec cet Oscar pour Coda, adaptation de La famille Bélier ?

Éric Lartigau : Carrément. C'était très émouvant. C’est un film qui parle de transmission, d’être ensemble. Surtout en ce moment, en ces temps suspendus qu'on est en train de vivre, il y a quelque chose qui nous unit sur le thème de la différence, avec le prisme de la famille et de cette communauté sourde, qui est très importante.

Avez-vous une certaine fierté à voir l'adaptation de votre film récompensée aujourd'hui à Hollywood aux Oscars ?

Fierté, je ne sais pas trop. En tout cas je suis très heureux : pour Sian Heder, la réalisatrice, pour Emilia Jones, Marlee Matlin qui joue la maman de Louane dans le film et le papa, Troy Kostur, qui a eu l'Oscar du meilleur second rôle. C'était une espèce de strike absolument phénoménal.

Vous n'avez pas participé à ce remake américain de La famille Bélier. C'était votre volonté ou on ne vous l'a pas proposé ?

J'avais voulu mettre ça dans mon contrat : s'il y avait une adaptation dans un pays, je ne voulais absolument pas y mettre ma main parce que je sais ce que c'est une adaptation. Il faut que le réalisateur ou la réalisatrice s'en empare. Chacun a son objet. De toutes façons, il sera différent. Les acteurs seront différents, la réalisatrice va filmer ça différemment... Elle l'a transposée d'ailleurs dans la mer, dans l'océan, avec un bateau et la pêche. Nous, c'était le tracteur et les chèvres ! [Rires]. Mais l'important est que le film ait continué. C'est ce qui est très joli. Sian Heder doit être sur un beau nuage.

Vous auriez rêvé que La famille Bélier, en tant que film français à l'époque, aille aux Oscars ? Vous ne regrettez pas qu'il faille une adaptation ?

Non, non. Je pense qu'ils ne pouvaient pas mais j'ai déjà eu un très beau cadeau : Steven Spielberg a dit hier soir que La famille Bélier - qu'il avait vu à l'époque - était un de ses films préférés de ces dernières années. C'est la classe à Dallas quand même !

Il faut rappeler que la démarche n'est pas la même puisque vous aviez fait appel à des comédiens non malentendants, Karine Viard et François Damiens, alors que les Américains ont choisi des acteurs véritablement sourds. Pourquoi vous aviez fait ce choix à l'époque ?

Parce que c'était un film. Les acteurs et les actrices peuvent rentrer dans le rôle d'un juge, d'un avocat, d'un assassin, d'un serial killer, d'un pilote de chasse ou d'un trisomique. On l’a vu avec Dustin Hoffman avec un trisomique ou des d'autistes. Le sujet principal de cette transmission est cette espèce de mur qu'on a devant des entendants et que le seul don que l'on ait, c'est le chant, ce qui est quand même un paradoxe. Ses parents continuent de la tirer vers le haut et ils se tirent ensemble vers le haut face à une incompréhension au départ. C'était ça, le thème de mon film.

On peut imaginer que ce film va avoir un effet, comme ce fut le cas pour La famille Bélier, de mettre en avant la langue des signes et le quotidien des personnes qui ne peuvent pas entendre ou s'exprimer par le langage...

Absolument. C'est véritablement un mur. La communauté des sourds est très énervée. J'ai entendu beaucoup de remarques là-dessus pendant les projections. Ma cousine germaine est sourde et elle est confrontée à des problèmes très nombreux au quotidien. Dès que vous essayez de vous mettre dans la peau d'un sourd, d'un aveugle ou de quelqu'un qui a un handicap fort, c'est très compliqué. D'ailleurs, pendant les projections, les sourds étaient très contents qu'il y ait un pont comme ça. Ils disent que c'est génial que ce soit des acteurs hyper connus parce qu’ils se sont mis dans leur peau, ils ont appris la langue des signes. Louane, elle-même, je l'ai eu encore ce matin au téléphone. Elle me disait : "C'est insensé, je continue de discuter avec des sourds qui viennent me voir." C'est merveilleux. Elle m'a dit : "J’ai cette langue maintenant." C'est merveilleux de pouvoir communiquer parce que forcément ils échangent des choses sur la vie sur les sourds. C'est très riche.

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