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Nominations aux Oscars 2022 : Campion, Villeneuve, Branagh et Spielberg en tête d'une sélection éclectique

La diversité est la dominante de la 94e cérémonie des Oscars attendue le 27 mars prochain, avec western, science-fiction, action, reconstitution historique ou comédie musicale.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une reproduction grand format de la statuette des Oscars sur le tapis rouge de la cérémonie de 2020. (MARK RALSTON / AFP)

Après la disette de l’année 2021, l’Académie des Oscars avait un beau plateau de films à départager pour leurs 94e nominations qui ont été annoncées mardi. Western, science-fiction, action, reconstitution historique ou comédie musicale sont au menu, avec les cinéastes Jane Campion, Kenneth Branagh, Paul Thomas Anderson, Steven Spielberg ou Ryusuke Hamaguchi, démonstration d’une diversité de genres et de cinéastes cette année.

"The Power of a Dog" : le western intimiste de Jane Campion pour Netflix

Avec 12 nominations, The Power of a Dog arrive en tête des films sélectionnés. Il a déjà obtenu le Lion d'argent de la Meilleure réalisation à la dernière Mostra de Venise, et n’est pas sorti en salles en France, où seuls les abonnés à la plateforme Netflix peuvent le visionner depuis le 1er décembre. Le film évoque les tensions familiales dans un ranch du Montana, avec notamment Benedict Cumberbatch et Kirsten Dunst.

Western sombre et psychologique, The Power of the Dog est notamment en lice dans les catégories du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleurs seconds rôles féminin (Kirsten Dunst) et masculin.

"Dune" : l’adaptation réussie du roman culte par Denis Villeneuve

Deuxième film le plus nominé (10 nominations), l’adaptation du roman culte Dune de Frank Herbert, met la science-fiction à l’honneur. S’il repose sur un schéma manichéen très américain, Dune révèle sa complexité dans l’univers qu’il décrit. Tant d’un point de vue écologique que climatique et géopolitique, certains diront philosophique. Publié en 1965, le roman de Frank Herbert résonne avec d’autant plus de puissance aujourd’hui que ces thématiques n’ont jamais été autant d’actualité. Coïncidence, Denis Villeneuve en donne aujourd’hui la version cinéma la plus aboutie et la plus fidèle au roman jamais réalisée.

Si l’anticipation d’Herbert est étrangement prémonitoire de notre époque, la mise en scène de Denis Villeneuve atteint enfin les ambitions du roman. Le Québécois est fidèle à l’esthétique hyperréaliste de ses deux films de science-fiction précédents, Premier Contact et Blade Runner 2049. Le réalisateur tire toute la substance de la sobriété du design, du cadre et de la lumière, tout en leur donnant une ampleur inédite. Le spectacle est splendide.

"Belfast" : Kenneth Branagh évoque son enfance  en 1969, en plein conflit anglo-irlandais

Belfast, qui sortira en France le 2 mars prochain, évoque l’enfance du réalisateur passée dans la capitale d’Irlande du Nord. Il rappelle en cela le réalisateur irlandais John Boorman qui évoquait sa propre enfance à Londres durant la Seconde Guerre mondiale. Vers la fin des années 60, alors que le premier homme pose le pied sur la Lune et que la chaleur du mois d’août se fait encore sentir, les rêves d’enfant de Buddy virent au cauchemar. La grogne sociale latente se transforme soudain en violence dans les rues du quartier.

Filmé en noir et blanc, le long métrage est notamment nominé dans les catégories Meilleur film et Meilleur réalisateur.

"West Side Story" : le remake réaliste de Steven Spielberg du chef d’œuvre de 1961

Le remake de la comédie musicale aux dix Oscars en 1962 de Robert Wise et Jerome Robbins n’en remportera sans doute pas autant. Certains ont avancé que cette nouvelle version était inutile. C’est bien réducteur. Passés les premières chorégraphies urbaines filmées dans les rues de New York, le film de 1961 se déroulait en studio, avec des éclairages expressionnistes qui évoquent les origines scéniques du film. Spielberg s’en distancie en choisissant de tourner dans les rues de New York. Il fait jouer les Sharks par des acteurs latinos, ce qui n’était pas le cas en 1961, et tous les acteurs sont plus proches de l’âge de leurs rôles (ils avaient la trentaine auparavant). Spielberg joue la carte du réalisme pour mieux parler d’aujourd’hui.

Le fond d’immigration et de communautarisme de 1961 n’a pas changé soixante ans après, tout comme celui de la circulation des armes aux Etats-Unis, avec sans doute plus d'acuité aujourd’hui. Sincère et inventif, Steven Spielberg remporte son pari.

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