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Oscars 2020 : les sacres de "Parasite", Renée Zellweger et Joaquin Phoenix... Ce qu'il faut retenir de la cérémonie

La soirée a aussi été marquée par des critiques contre le manque de diversité du palmarès et l'absence de femmes parmi les oscarisables.

Article rédigé par franceinfo
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Le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho, le 9 février 2020 à Hollywood lors des Oscars. (AMY SUSSMAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

La 92e cérémonie des Oscars, dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 février à Los Angeles, a été marquée par une grande première dans l'histoire de Hollywood. Mais pas uniquement. Voici les temps forts de cette soirée. 

Oscars 2020 : "Parasite" en haut de l'affiche
Oscars 2020 : "Parasite" en haut de l'affiche Oscars 2020 : "Parasite" en haut de l'affiche (FRANCE 2)

Le triomphe inédit de "Parasite" 

Pour la première fois de leur histoire, les Oscars ont consacré un film sud-coréen. Parasite repart d'Hollywood avec quatre statuettes : celles prestigieuses du meilleur film et du meilleur réalisateur, mais aussi celles du meilleur scénario original et du meilleur film en langue étrangère, privant d'un sacre le film français Les Misérables, de Ladj Ly.

Le film, à la fois thriller et satire corrosive sur les inégalités sociales qui a conquis un public international, avait déjà été récompensé par la Palme d'or au dernier Festival de Cannes et par le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère en janvier. Ces deux prix prestigieux constituaient déjà une première pour un film sud-coréen. Mais Parasite est également le premier film en langue étrangère à avoir reçu le prix meilleur ensemble d'acteurs, la récompense la plus prisée des Screen Actors Guild ainsi que deux Bafta, les récompenses du cinéma britannique, équivalent des César français.

Le réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho dans les coulisses de la 92e cérémonie des Oscars, à Hollywood (Californie, Etats-Unis), le 10 février 2020. (AMY SUSSMAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Renée Zellweger : meilleure actrice

Renée Zellweger a remporté l'Oscar de la meilleure actrice pour son incarnation de la légende d'Hollywood Judy Garland, dans le film Judy. Il s'agit de la deuxième statuette pour la star, qui avait été sacrée meilleure actrice dans un second rôle pour Retour à Cold Mountain en 2004. 

L'actrice américaine Renée Zellweger, dans la salle de presse de la 92e cérémonie des Oscars, le 9 février 2020 à Hollywood (Californie, Etats-Unis). (FREDERIC J. BROWN / AFP)

Joaquin Phoenix : meilleur acteur

Joaquin Phoenix a remporté l'Oscar du meilleur acteur pour sa performance d'anti-héros torturé dans Joker de Todd Phillips, un des rôles troubles dans lesquels il excelle et qui ont établi sa réputation. L'acteur, qui avait déjà triomphé aux Golden Globes, a fait amende honorable. 

"Dans ma vie, j'ai été un scélérat", a lâché le comédien de 45 ans. "J'ai été égoïste, j'ai été cruel parfois, pénible au travail, (...) mais tant d'entre vous m'ont donné une seconde chance." "Et je pense que c'est là que nous sommes à notre meilleur", a-t-il poursuivi. "Pas quand nous nous désavouons les uns les autres pour des erreurs passées." L'acteur a fini en citant son frère River Phoenix, acteur de talent mort tragiquement d'overdose à 23 ans, en 1993 : "Cours à la rescousse avec amour, et la paix suivra."

Joaquin Phoenix, avec son Oscar du meilleur acteur pour "Joker", au Dolby Theater de Hollywood (Californie, Etats-Unis), le 9 février 2020. (ROBYN BECK / AFP)

Brad Pitt : meilleur second rôle masculin

Brad Pitt a décroché l'Oscar du meilleur second rôle masculin pour son interprétation du cascadeur Cliff Booth dans Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino. C'est le premier Oscar dans une catégorie d'interprétation pour le comédien de 56 ans, qui avait déjà raté le coche trois fois. Déjà sacré aux Golden Globes, Brad Pitt était archi-favori.

Visiblement ému, il s'est, pour une fois, départi de son détachement légendaire et a évoqué sa déjà longue carrière. "Je suis un peu sous le choc", a-t-il dit. "Je ne suis pas le genre à regarder en arrière, mais [cet Oscar] m'y pousse." La star s'est souvenue de son arrivée à Hollywood, sur un coup de tête, et de l'actrice Geena Davis et du réalisateur Ridley Scott qui lui ont "donné [sa] première chance", dans Thelma et Louise en 1991, il y a près de trente ans. "Il était une fois à Hollywood, tout est dit", a-t-il conclu.

Brad Pitt reçoit son Oscar des mains de l'actrice Regina King, sur la scène du Dolby Theatre, à Hollywood (Californie, Etats-Unis), le 9 février 2020. (KEVIN WINTER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Laura Dern : meilleur second rôle féminin

Laura Dern a remporté l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour son interprétation d'une avocate vengeresse et manipulatrice dans Marriage Story de Noah Baumbach. "C'est le meilleur des cadeaux d'anniversaire", a déclaré l'actrice, qui fête ses 53 ans. La comédienne a déjà décroché cinq Golden Globes au cours de sa carrière, mais elle n'avait jamais encore été oscarisée. Elle avait obtenu sa première nomination aux Oscars en 1991 pour son rôle de Rambling Rose, puis sa deuxième en 2015 avec Wild. Laura Dern est issue d'une lignée d'acteurs et a commencé sa carrière à Hollywood dès l'adolescence, endossant des dizaines de rôles depuis les années 1980.

Laura Dern et son Oscar du meilleur second rôle féminin, le 9 février 2020 à Hollywood (Californie, Etats-Unis). (KEVIN WINTER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Un manque de diversité critiqué

Dès le début de la soirée, le duo comique Chris Rock et Steve Martin a souligné l'absence de personnalités afro-américaines parmi les nommés, à l'exception de l'actrice Cynthia Erivo pour son rôle dans Harriet. En 1929, il n'y avait aucun nommé afro-américain. En 2020, il y en a une. "Quelle progression incroyable", a ironisé Steve Martin. Chris Rock a, lui, évoqué le retour du hashtag #OscarSoWhite.

Steve Martin (à gauche) et Chris Rock (à droite), pendant leur discours pour la 92e cérémonie des Oscars, le 9 février 2020 à Hollywood (Californie, Etats-Unis). (KEVIN WINTER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Comme un écho à cette sortie, Hair Love, qui raconte l'histoire d'un père afro-américain qui apprend à coiffer les cheveux de sa fille, a remporté l'Oscar du court-métrage. "On l'a fait parce qu'on voulait voir plus de diversité", a souligné son réalisateur Matthew A. Cherry en recevant son prix.

Le réalisateur néo-zélandais Taika Waititi, Oscar du meilleur scénario adapté pour Jojo Rabbit, a lui "dédié ce prix à tous les enfants autochtones du monde qui veulent faire de l'art et de la danse et écrire des histoires". "Nous sommes les conteurs originaux. Et nous pouvons aussi le faire ici", a-t-il lancé. Le cinéaste a lâché un autre message à caractère politique à propos de son film sur un enfant juif ayant Adolf Hitler pour ami imaginaire, pendant la Seconde Guerre mondiale. "C'est choquant et un peu triste de penser qu'un film comme celui-ci aurait encore plus de pertinence que jamais."

Une absence de femmes nommées dénoncée

L'absence de femmes parmi les oscarisables, pour la meilleure réalisation notamment, a elle aussi été largement commentée sur la scène du Dolby Theatre. Sur le tapis rouge, Natalie Portman a arboré au revers de sa cape des broderies dorées aux noms des réalisatrices snobées par les Oscars. "Toutes les femmes sont des super héroïnes", a asséné sur scène Sigourney "Ripley" Weaver aux côtés de Brie "Captain Marvel" Larson et Gal "Wonder Woman" Gadot, sous les acclamations. Quant à la musicienne islandaise Hildur Guðnadóttir, Oscar de la meilleure musique pour Joker, elle a lancé cet appel applaudi aux jeunes filles et aux femmes : "Faites entendre votre voix. Nous avons besoin de l'entendre."

L'actrice Natalie Portman arrive à la cérémonie des Oscars avec une veste brodée des noms de réalisatrices absentes des nominations, le 9 février 2020 à Hollywood (Californie, Etats-Unis). (ROBYN BECK / AFP)

Un plaidoyer contre l'injustice

Visiblement ému, en recevant sa précieuse statuette, Joaquin Phoenix en a profité pour se lancer dans un plaidoyer contre l'injustice. "Je pense beaucoup à certaines des questions alarmantes auxquelles nous faisons face collectivement. Je pense que parfois on sent, ou on nous fait sentir, que nous défendons différentes causes, mais moi, je vois une communauté de points de vue. Que l'on parle d'inégalité entre les genres ou de racisme ou de droits des personnes LGBT, des personnes indigènes ou des animaux, nous parlons de la lutte contre l'injustice", a-t-il affirmé.

"Je pense que nous sommes devenus très déconnectés de la nature, et beaucoup d'entre nous sont coupables d'une vision égocentrique du monde", a insisté ce végétalien de longue date, en évoquant devant la crème d'Hollywood le sort d'une vache "inséminée artificiellement" à qui on arrache son petit "bien que ses cris d'angoisse soient évidents".

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