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Oubliés de l'Histoire, les artificiers noirs du Havre revivent en docu-fiction
C’est un épisode méconnu de l’Occupation allemande au Havre qu’Alexis Delahaye ressuscite. Ce jeune réalisateur consacre un docu-fiction aux artificiers noirs qui étaient chargés de déminer les bombes non explosées. Des hommes réquisitionnés de force et au péril de leur vie auquel le cinéaste havrais rend hommage.
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Reportage au moment du tournage au Havre avec Gwenaëlle Bron, Hervé Guiraudou, Lucie Denechaud
Alexis Delahaye a beau être havrais de naissance, c’est par hasard qu’il a découvert l’histoire de ces artificiers noirs, qui, au péril leur vie, ont déminé près de 1000 bombes à partir de 1941. En faisant des recherches aux archives de la ville, il tombe sur la lettre d’un artificier guadeloupéen, hospitalisé après avoir perdu un bras et une jambe et qui demande qu’on le laisse sortir de l’hôpital pour pouvoir travailler et faire vivre sa famille. Alexis décide d’en savoir plus et découvre alors un pan de l’histoire du Havre.
Avant d’être totalement détruite dans les bombardements de 1944, la ville a vu se déverser sur elle des milliers d’engins qui n’ont parfois pas explosés. Au début, les Allemands désamorcent eux-mêmes les bombes. Mais devant le danger, ils décident en septembre 1941 de confier ce sale boulot à des hommes réquisitionnés de force. Particularité : tous sont d’origine étrangère ou d'outre-mer, tous sont noirs : Afrique, Guadeloupe, Martinique, Madagascar. Pour l’Occupant, cette trentaine d'hommes, ce n’est que de « la chair à canon ». Leur travail : dégoupiller des bombes de 250 à 1000 kilos, les charger sur un camion et les emmener loin de la ville pour les désamorcer.
Des héros oubliés
La presse locale de l’époque saluait « le courage et le sang-froid" de ce qu'on nommait alors "les équipes de la mort". Et pourtant, après la guerre, ils seront considérés comme des collabos et stigmatisés par la population...et au final oubliés. D’où l’importance de ce film documentaire qui on l’espère trouvera un espace de diffusion à la hauteur de l’histoire humaine qu’il porte. Une nécessité au moment où l'on va fêter le 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.
La presse locale de l’époque saluait « le courage et le sang-froid" de ce qu'on nommait alors "les équipes de la mort". Et pourtant, après la guerre, ils seront considérés comme des collabos et stigmatisés par la population...et au final oubliés. D’où l’importance de ce film documentaire qui on l’espère trouvera un espace de diffusion à la hauteur de l’histoire humaine qu’il porte. Une nécessité au moment où l'on va fêter le 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.
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