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Palmarès du Fespaco : le film rwandais "La miséricorde de la jungle" Etalon d'or

Le film rwandais "The Mercy of the jungle" (La miséricorde de la jungle), de Joël Karekezi, a remporté samedi l'Etalon d'Or de Yennenga du 26e Fespaco, une édition marquée par la révélation d'agressions sexuelles contre les femmes dans le cinéma africain.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Joël Karekezi (à droite) réalisateur de "The Mercy of the jungle", étalon d'or Fespaco 2019
 (ISSOUF SANOGO / AFP)

"C'est un grand honneur pour moi, toute mon équipe et toute cette jeune génération, on va continuer à faire des films", a déclaré le cinéaste de 33 ans après la cérémonie de clôture du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). "C'est magnifique ! Il y a travaillé des années, il s'est créé tout seul", en apprenant "le cinéma sur internet", "c'est un scénario très fort", a déclaré son producteur Aurélien Bodinaux.

Le film suit la dérive de deux soldats rwandais perdus dans la jungle lors de la deuxième guerre du Congo en 1998. Plus qu'un film de guerre, il s'agit d'une réflexion sur l'absurdité de ce conflit terriblement meurtrier, comme de toutes les guerres, magnifiée par des images superbes de la jungle du Kivu. Joël Karekezi "a grandi lui-même dans les camps de réfugiés à la suite du génocide rwandais" de 1994, a expliqué son producteur. "C'est un film sur la vie et sur la paix", a confié le réalisateur.

Le film rafle aussi le prix d'interprétation masculine décerné à Marc Zinga (Les rayures du zèbre, Dheepan) pour son rôle du Sergent Xavier, un soldat épuisé par les guerres sans fin, interprété avec puissance et justesse. Le trophée a été remis en présence du président rwandais Paul Kagame, le Rwanda étant le pays invité du Fespaco cette année. L'Etalon d'argent récompense "Karma", de l'Egyptien Khaled Youssef, et l'Etalon de bronze va à "Fatwa", de Ben Mohmound (Tunisie).

Le prix d'interprétation féminine revient à Samantha Mugotsia, pour son rôle dans "Rafiki", de la Kényane Wanuri Kahiu. Ce film, projeté à Cannes en 2018, avait été censuré dans son pays parce qu'il racontait une histoire d'amour entre deux femmes.

Toujours pas de femmes récompensées

L'édition du cinquantenaire du Fespaco n'aura donc pas récompensé une femme, à l'instar des 25 Fespaco précédents depuis la création du festival en 1969. Une étrangeté qui a provoqué une polémique, de nombreuses voix s'élevant pour qu'une femme soit primée.

Le festival a par ailleurs été marqué par la révélation d'agressions sexuelles contre les femmes dans le monde du cinéma africain, touchant aussi bien des actrices que des réalisatrices et des techniciennes. Inspirées par les mouvements #MeToo et #Balancetonporc, deux actrices, la Française Nadège Beausson-Diagne et la Burkinabè Azata Soro, ont accusé des cinéastes africains de harcèlement sexuel et d'agressions contre elles. Azata Soro a été agressé lors d'un tournage en 2017 par le cinéaste burkinabè Tahirou Tasséré Ouedraogo, qui lui a lacéré le visage avec un tesson de bouteille.

Malgré les craintes pour la sécurité, le Fespaco n'aura été troublé par aucun incident. Les autorités burkinabè ont déployé des mesures de sécurité maximum en raison du risque d'attentat, le Burkina Faso étant depuis quatre ans la cible de groupes jihadistes perpétrant des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, y compris au coeur de Ouagadougou.

LE PALMARES FESPACO 2019

Etalon d'or de Yennenga : "The Mercy of the jungle" (La miséricorde de la jungle), de Joël Karekezi (Rwanda)
Etalon d'argent : "Karma", de Khaled Youssef (Egypte)
Etalon de bronze : "Fatwa", de Ben Mohmound (Tunisie)
Prix d'interprétation masculine : Marc Zinga, pour "The Mercy of the jungle" (Rwanda)
Prix d'interprétation féminine : Samantha Mugotsia, pour "Rafiki" (Kenya)
Scénario : "Regarde moi", de Nejib Belkadhi (Tunisie)
Image : "Mabata Bata", de Joan Luis Sol de Carvalho (Mozambique)
Son : "Karma", de Khaled Youssef (Egypte)
Musique : "Sew the Winter to My Skin", de Jahmil X.t. Qubeka, Afrique du Sud
Décor : "Desrances", de Apolline Traore (Burkina Faso)
Montage : "Mabata Bata", de Joan Luis Sol de Carvalho (Mozambique)
Prix Oumarou Ganda du meilleur premier film : "Jusqu'à la fin des temps", de Yasmine Chouikh (Algérie)
Poulain d'or Court-métrage fiction : "Black Mamba", de Amel Guellaty (Tunisie)
Etalon d'or Documentaire long métrage : "Le loup d'or de Balolé", de Aïcha Boro Leterrier (Burkina Faso)
Poulain d'or Documentaire court métrage : "Against all odds" (Contre toute attente) de Charity Resian Nampaso et Andréa Iannetta (Kenya/Italie)
Série TV : "Little stories, big reality" (Petites histoires, grandes vérités), de Ambrose B. Cooke (Ghana)
Animation : "Briska" de Nadia Raïs (Tunisie)

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