L'acteur, clown, cinéaste et dessinateur Pierre Etaix est décédé vendredi matin à l'âge de 87 ans, a annoncé sa famille à l'AFP. Complice de Jacques Tati, Annie Fratellini et Jean-Claude Carrière, il s'inscrit dans la lignée des grands, de Buster Keaton à Charlie Chaplin.
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Pierre Etaix chez lui, en 2015
(Bertrand Guay/AFP)
"Pierre Etaix n'est plus", a indiqué sa femme Odile à l'AFP. L'artiste avait été hospitalisé en urgence vendredi matin, a-t-elle ajouté, "il se battait contre une infection des intestins".
Etaix est l'auteur de bon nombre d'oeuvres burlesques, réalisées dans les années 1960 avec son complice, l'écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière. "Ça a toujours été un accord parfait, parce qu'on s'est follement amusés à écrire", racontait Pierre Etaix. "Quand on trouvait, on était morts de rire".
Après avoir co-signé les courts métrages "Rupture" et "Heureux anniversaire", qui a remporté un Oscar en 1963, ils ont écrit ensemble "Le Soupirant", "Yoyo" (sur l'univers du cirque), "Tant qu'on a la santé" et "Le Grand amour". Des films longtemps invisibles en raison d'un imbroglio juridique, avant que la justice ne rende en 2009 à Pierre Etaix ses droits d'auteur sur cinq longs métrages et deux courts métrages.
Reportage: E. Cornet / S. Terrine
"Gagman" de Jacques Tati
Graphiste de formation, initié à l'art du vitrail, Pierre Etaix a débuté comme illustrateur tout en se produisant dans les cabarets, au music-hall et au cirque. Il a commencé au cinéma dans les années 1950 comme dessinateur et "gagman" de Jacques Tati pendant quatre ans pour "Mon oncle".
"Je n'avais pas du tout l'intention de faire du cinéma", avait il l'habitude de raconter. "Tati avait regardé des dessins que j'avais fait, et il m'avait dit que j'avais le sens de l'observation, donc du gag... Je me suis mis à chercher des idées comiques. C'est comme ça que tout a commencé".
Ses films à lui, dans lesquels il interprète généralement un personnage lunaire, s'inscrivent dans l'héritage des maîtres comiques du cinéma muet, Buster Keaton, Charlie Chaplin, Laurel et Hardy, Harry Langdon, Harold Lloyd ou Max Linder.
Etaix pose en clown (2012)
(François Guillot/AFP)
Inventeur de gestes et de mots
Pierre Etaix, qui a été l'un des rares représentants en France du "slapstick", burlesque de l'époque aux gags visuels, se sent loin de la "comédie bavarde" à la française.
Il a été le mari d'Annie Fratellini, épousée en 1969, avec qui il a joué en duo sur la piste et fondé l'Ecole nationale du cirque en 1973.
Ces dernières années, il est remonté sur scène après des décennies d'absence, avec "Miousik Papillon" en 2010, et sous le chapiteau du cirque Joseph Bouglione en 2012, ressuscitant le clown Yoyo.
Hommages à un artiste "inclassable"
La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, a rendu hommage à un "artiste inclassable", qui "a mis ses innombrables talents au service d'un humour empreint de poésie et de mélancolie". "Animé d'une époustouflante force créative, Pierre Etaix a écrit l'une des pages les plus belles, les plus originales et les plus poétiques de la culture française contemporaine", a-t-elle ajouté.
"Pierre Etaix ne mimera plus. Son bon sourire de Yoyo ne s'illuminera plus. Il parlait peu. Il était grand. Grand poète, grand gagman et cinéaste", a réagi l'ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob.
L'écrivain David Foenkinos a salué un "immense génie du cinéma, poétique, inventif, lumineux".
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