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"Possédée" : exorcisme kasher

Produit par le spécialiste du fantastique Sam Raimi ("Evil Dead", "Spiderman" 1, 2 et 3), "Possédée", comme son titre l'indique, relève du film de possession démoniaque en tentant de renouveler le genre, tout en restant dans son pré-carré.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Natasha Calis dans "Possédée" de Ole Bornedal
 (Metropolitan FilmExport)
De Ole Bornedal (Etats-Unis), avec : Jeffrey Dean Morgan, Kyra Sedgwick, Natasha Calis - 1h35 - Sortie : 26 décembre
Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis
Clyde et Stephanie Brenek ne voient pas de raison de s’inquiéter lorsque leur fille cadette Em devient étrangement obsédée par un petit coffre en bois acheté lors d’un vide grenier. Mais rapidement, son comportement devient de plus en plus agressif et le couple suspecte la présence d’une force malveillante autour d’eux. Ils découvrent alors que la boîte fut créée afin de contenir un Dibbuk, un esprit qui habite et dévore finalement son hôte humain.
Le dibbouk
Même s’il a moins de films au compteur que les vampires et les zombies, les exorcismes participent d’un sous genre du fantastique à part entière. « Possédée » est donc le dernier opus sur le marché, produit par Sam Raimi. Sévissant fréquemment dans le film de genre, le réalisateur Ole Bornedal passe régulièrement de son Danemark natal aux Etats-Unis. Si son « Possédée » s’avère un cran au-dessus des dernières productions du genre (« Le dernier exorcisme », « L’Exorcisme d’Emily Rose »…), il n’arrive pas à la cheville de l’étalon or du genre : « L’Exorciste » de William Friedkin.

Comme son aîné de 1973 et nombre de films relevant du paranormal, « Possédée » s’inspire, selon ses auteurs, d’une « histoire vraie », comme si ce label apportait une caution aux événements à priori invraisemblables décrits. Le film se distingue d’autre part en décrivant un cas de possession faisant appel à un démon de « confession » judaïque, alors que le sujet renvoie d’habitude à la chrétienté, et plus particulièrement au catholicisme. Car on l’oublie trop souvent, les trois religions monothéistes on leurs propres démons : les ou le diable(s) chrétiens, le dibbouk juif et les djinns musulmans.
Natasha Calis dans "Possédée" de Ole Bornedal
 (Metropolitan FilmExport)
Pré-carré
« Possédée » ne se déroule pas pour autant dans une famille juive, son obédience religieuse n’est d’ailleurs aucunement mentionnée. L’origine du démon ne relève que d’une astuce scénaristique, permettant de renouveler quelque peu le genre, du moins partiellement, les conséquences sur la jeune possédée ne variant guère des autres cas. L’origine du dibbouk est par contre assez belle, s’agissant d’un démon enfermé dans un mystérieux coffret, malencontreusement libéré par la fillette, fascinée par l’objet. Il faudra donc faire appel à un exorciste juif pour libérer la possédée et remettre le dibbouk dans sa boîte.

Beaucoup plus soft que « L’Exorciste », « Possédée » n’en demeure pas moins parsemé de quelques bonnes idées, comme l’origine du démon ou sa visualisation à l’intérieur du corps de l’enfant, lui donnant une dimension carnée (incarnée), alors que les manifestations démoniaques se limitent d’habitude aux stigmates corporels des possédés. Les manifestations d’insectes sont plus communes au genre, mais font l’objet de visualisations spectaculaires. Ole Bornedal n’en reste pas moins dans le pré-carré du genre, sans excès, afin, visiblement de ne pas exclure le film d’un public large, notamment les plus jeunes (le film est interdit aux moins de 12 ans). A quand un exorcisme halal ?

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