Pour ou contre "De l'autre côté du périph" ?
Deux flics que tout oppose cherchent à dénouer une sombre affaire de meurtre, avec Omar Sy dans le rôle du policier de banlieue. Une comédie plutôt bien troussée qui a un petit air de déjà-vu.
Un matin, en région parisienne, le corps sans vie d'une grande bourgeoise est découvert par le lieutenant Ousmane Diakité (Omar Sy). Appelé à la rescousse, François Monge (Laurent Lafitte), capitaine de la police criminelle de Paris, croise la route du flic de banlieue. Tant bien que mal, le duo va tenter de retrouver l'assassin en enquêtant dans les bas-fonds franciliens comme dans les milieux huppés de la capitale. Réalisé par David Charhon, De l'autre côté du périph sort en salle mercredi 19 décembre. Francetv info l'a vu et pèse le pour et le contre.
Pour : une comédie rythmée et irrévérencieuse
Le film joue sur la recette ultraclassique du duo dépareillé. D'un côté du périphérique, Ousmane : noir, banlieusard, droit, frondeur. De l'autre, François : blanc, pur produit de la bourgeoisie parisienne, jouisseur et inféodé à sa hiérarchie. Certes, la recette n'est pas très originale, mais elle fonctionne.
D'autant que De l'autre côté du périph, c'est un peu Belmondo qui rencontrerait Eddie Murphy. Et deux cinémas qui s'entrechoquent. Le personnage de François, bien dans son slip, à la virilité plus qu'affirmée, est une caricature du flic "couillu" des vieux films français, à l'image du Bébel du Professionnel, dont une affiche apparaît incidemment à l'écran. Celui d'Ousmane, rebelle, indiscipliné, évoque Le Flic de Beverly Hills. Les rodomontades du premier associées aux vannes et aux coups de poing du second font étonnamment bon ménage.
Les scènes d'action sont plutôt bien troussées. Dès le départ, David Charhon donne le ton avec une course-poursuite rythmée et crédible sur le périphérique parisien. Le cinéaste joue constamment sur plusieurs tableaux et fait de nombreux clins d'œil au cinéma d'action américain (Piège de cristal ou L'Arme fatale… avec déjà un duo flic noir-flic blanc). De quoi désarçonner ceux qui s'attendaient à une comédie pure de la part de celui qui avait dirigé Elie Semoun dans Cyprien.
C'est surtout dans le registre comique que le film tire son épingle du jeu. D'autant que plusieurs scènes à sketchs, politiquement incorrectes, malmènent efficacement quelques tabous. La salle rit aux éclats en voyant une mamie voilée faire un vol plané. S'étouffe quand Omar Sy, pris pour un délinquant à cause de sa couleur de peau, déclame : "J'ai mal à ma France." Rigole de plus belle quand Laurent Lafitte tripote la poitrine d'un macchabée, à la morgue, d'un air compassé. Ce n'est pas toujours de très bon goût, certes, mais ça fonctionne.
Contre : un film sur les clichés… un peu cliché
Le problème, c'est que le long-métrage, qui cherche à dénoncer les stéréotypes, en est bourré. A commencer par les personnages, caricaturaux : le patron froid affublé de son méchant valet (les riches sont globalement cruels) face aux vilaines "racailles" de banlieue (jeunes des quartiers = voyous). On ne parle pas des cadres sup ou des gitans croisés au cours de l'aventure. Un peu fainéante, cette imagerie échoue surtout à nous surprendre. Dommage, d'autant que les deux personnages principaux, eux, gagnent (un peu) en profondeur au cours de l'histoire.
Autre souci : on se désintéresse assez vite de la trame policière, très légère, censée servir d'ossature à l'histoire. Idem pour les relations amoureuses ou familiales d'Ousmane et François, un peu prétextes.
Mais surtout, on a parfois l'impression d'assister à la suite d'Intouchables, dont les 27 millions de spectateurs ont de quoi susciter la convoitise. Toute ressemblance avec un blockbuster récent ne semble pas fortuite. Décors identiques, situations proches, personnages semblables, avec un Omar Sy qui rempile dans le rôle du banlieusard plongé dans les dorures surannées de la bourgeoisie parisienne. Son petit frère délinquant dans Intouchables s'est néanmoins transformé en fils à problèmes. Cela change un peu.
Faut-il y aller ?
Oui, pourquoi pas. Si le scénario est un peu faiblard et tissé de clichés, le duo comique formé par Omar Sy et Laurent Lafitte justifie le déplacement.
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