Pour ou contre "Die Hard 5", avec Bruce Willis ?
Ce bon vieux John McClane rempile pour sauver son fils des griffes de méchants Russes. Le combat de trop ?
Les papys des films d’action font de la résistance. Après Arnold Schwarzenegger qui apparaissait le mois dernier en shérif usé dans Le Dernier Rempart, avant Sylvester Stallone qui va prendre Du plomb dans la tête la semaine prochaine, c’est Bruce Willis qui, à bientôt 58 printemps, sort du placard son costume de John McClane, le flic le plus entêté et le plus malchanceux du monde. Dans Die Hard : belle journée pour mourir, en salles mercredi 20 février, il part en Russie libérer son fils emprisonné, et apprend que son rejeton est en fait un agent de la CIA qui tente d’empêcher la mafia russe de mettre la main sur du matériel nucléaire. Et il va tenter de l’aider à sauver le monde. De quoi hurler avec McClane "Yippee-ki-yay, motherfucker" ?
Pour : de la baston et des bisous
A priori, les ingrédients d’un bon Die Hard sont au rendez-vous. D’abord, l’action est là. Comptez une explosion toutes les dix secondes. Une course-poursuite haletante qui dure bien quinze minutes (avec écrabouillage d’une bonne grosse centaine de voitures). Des batailles rangées avec arsenal complet, de l’arme de poing à l’hélicoptère de guerre. Le tout, monté très "cut", semble avoir été concocté par un réalisateur parkinsonien, mais donne furieusement de l'élan au film.
Même si cet épisode – le cinquième de la série –, réalisé par John Moore, fait clairement moins sourire que les quatre précédents, il innove en s’appuyant sur une relation père-fils croquignolesque. Le "McDuo" en surprendra plus d’un, la saga s’étant construite sur l’image d’un anti-héros solitaire, mais il fonctionne plutôt bien. Surtout quand les deux mâles alpha se rabibochent tendrement entre deux coups de feu. "Je t’aime fils", déclare McClane père, la larmichette à l’œil, avant de décréter : "Allons buter quelques salopards."
Bruce Willis, tête chauve, voix d’outre-tombe et biceps tombant, en fait des caisses en redresseur de torts sorti de sa retraite. Mais cette carte du tonton flingueur venu en Russie "juste pour prendre des vacances" et pris malgré lui entre mafieux et policiers russes donne l’occasion de quelques vannes efficaces.
On s’amuse aussi des clins d’œil appuyés à la guerre froide. Le fantôme de l’URSS est partout : tatouage CCCP sur les méchants, étoiles rouges, portrait de Gorbatchev, statue de Lénine veillant sur Tchernobyl… Toute l’iconographie est convoquée pour plonger dans une ambiance étrange où le vieil ennemi, mort, est encore plus redoutable.
Contre : un scénario radioactif
Malgré tout, le raffinement n’est pas vraiment au rendez-vous. On avait connu McClane plus ingénieux pour se débarrasser des méchants. Cette fois, généralement, il s’en sort en fonçant dans le tas, son fiston sous le bras. Les super vilains sont un peu fades. Et il y a trop de guimauve sous les cuirs : quelques scènes sirupeuses nuisent à l’action.
Il y a surtout un handicap que les fans ne pardonneront pas et qui ont scandalisé les critiques américains, comme le rappelle la revue de presse US de Première. Le scénario a visiblement été atteint par les radiations. Rien n’est vraisemblable dans l’histoire qu’on nous raconte, alors que les intrigues des épisodes précédents (celles des trois premiers au moins) tenaient en haleine. Bien sûr, la famille McLane sort indemne d’explosions auxquelles même le coyote de Tex Avery ne survivrait pas. Mais surtout, les retournements de situation improbables font vite perdre le fil. Sans compter les incohérences. Les McClane, sortis de Moscou, rejoignent Tchernobyl (à plus de 700 kilomètres) en quelques dizaines de minutes. Et sur place, les radiations peuvent disparaître comme par magie à condition d’utiliser un appareil fluorescent qui fait "bip". On aurait pu y penser avant !
Faut-il y aller ?
Pourquoi pas ? Cet épisode au scénario bricolé n’est pas un bon Die Hard, mais reste un film d’action convaincant.
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