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Pour ou contre "Hansel & Gretel : witch hunters"

Les héros de Grimm, devenus adultes, pulvérisent des sorcières. Le conte est bon ?

Article rédigé par Léo Pajon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Hansel & Gretel reviennent, et ils ne sont pas contents. Nous non plus.

Il était une fois Hansel et Gretel, abandonnés par leurs parents dans la forêt, qui découvrent une maison en pain d'épice. Hélas, la propriétaire est une méchante sorcière anthropophage qui les fait prisonniers… avant d’être poussée dans son propre four par les terribles gamins. Le début du film, fidèle au conte de Grimm, ne surprendra personne. Mais, passé  le générique, soudain, c’est le drame. On retrouve Hansel et Gretel adultes, sanglés de cuir, trimballant des flingues longs comme des bras, et devenus chasseurs de sorcières professionnels. Hansel & Gretel Witch Hunters, qui sort mercredi 6 mars, est-il un faux nanar ou un vrai navet ?

Pour : du grand n’importe quoi

Ne vous y trompez pas. Malgré son titre, Hansel & Gretel n'a rien d'une adapatation de conte pour enfants, c'est un film taillé sur mesure pour un public d'ado en manque d'hémoglobine. Un blockbuster façon jeu vidéo qui cartonne au box-office. Le réalisateur, Tommy Wirkola, n’en est pas à son coup d’essai dans le genre. Hansel & Gretel fait même figure de film d’art et d’essai par rapport à son précédent long métrage, Dead snow, acclamé à sa sortie en 2009 par les fans de film d'horreur, dans lequel on suivait les tribulations d’ados partis au ski et confrontés à des zombies nazis.

Ponctué de scènes de violence totalement gratuites arrosées d’hectolitres de sang, le film est calibré pour les fondus de nanars gores et foutraques. Arme à feu, arme blanche, combats à mains nus, coups de boule, morsures, brûlures… avec ces gosses gloutons changés en machines à défourailler, tout le catalogue de la baston y passe. Les amateurs se souviendront que Gemma Arterton apparaissait déjà dans une adaptation du jeu vidéo Prince of Persia, sortie il y a trois ans.

Le film est aussi truffé de répliques potentiellement cultes, comme cette sortie d’Hansel : "One thing this job has taught me over the years: DON'T EAT THE FUCKING CANDY!" ( "s’il y a bien une chose que ce boulot m’a appris durant toutes ces années : NE MANGE PAS LES PUTAINS DE SUCRERIES"). Bref, si vous aimez poser votre cerveau à l’entrée du cinéma, ce chef-d'œuvre de raffinement est peut-être pour vous.

Contre : un film de série Z qui se prend trop au sérieux

Mais alors qu’un bon nanar des familles permet de rigoler entre copains, ce film trop long (88 minutes qui en paraissent 120) génère essentiellement de l’ennui. L’intrigue, inexistante, est surtout prétexte à des scènes d’(in)action mal orchestrées et mal filmées. Les effets spéciaux n’ajoutent pas grand-chose, ni les sorcières de carton-pâte ou les créatures en mousse qui ponctuent l’aventure (mention spéciale pour le troll en latex, sorte de métissage improbable entre Shrek et Gérard Lanvin, le charisme en moins).

La relation légèrement incestueuse entre le frère et la sœur aurait pu être creusée. Mais les personnages restent indifférents l’un à l’autre. Et une love story bâclée, au milieu du film, donne tout juste l’occasion au réalisateur de montrer gratuitement une paire de seins nus. Ne rêvez pas, il ne s’agit pas de ceux de Gemma Arterton ou de Famke Janssen (une puissante sorcière), aussi jolies qu’inconsistantes à l’écran. La palme de l’accablement revient tout de même à Jeremy Renner (Hansel) qui semble constamment se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère.

Au fond, s’il y a ratage, c’est surtout parce que le réalisateur a visé trop haut. Il a tenté un film en costumes, surfant mollement sur la vague gothique, et des explosions de violence gratuite à la Tarantino. Mais a surtout concocté une belle daube au navet.

Faut-il y aller ?

Non. Comme le rappellent Hansel et Gretel, pour en finir avec les sorcières, il est conseillé de les brûler. Cette pellicule mériterait le même sort.

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