Pour ou contre "Le Hobbit" de Peter Jackson ?
Le réalisateur du "Seigneur des anneaux" s'attaque au plus connu des romans de Tolkien : "Bilbo le Hobbit". Une épopée épique, fantastique... et un peu longuette.
CINEMA - Le réalisateur du Seigneur des anneaux, Peter Jackson, s'attaque au plus connu des romans de Tolkien, Bilbo le Hobbit. L’histoire se déroule soixante ans avant Le Seigneur des anneaux. Bilbon, petit personnage popote habitué au confort douillet de son logis, se voit soudain embringué par Gandalf le magicien dans une incroyable aventure : aider les nains d'Erebor à reconquérir leur royaume sur lequel le terrible dragon Smaug a posé sa griffe. Le film Le Hobbit, un voyage inattendu sort mercredi 12 décembre. Vaut-il le déplacement ?
Pour : Peter Jackson l’enchanteur n’a pas perdu la main
On ne change pas une équipe qui gagne. Le dernier opus du Seigneur des anneaux avait obtenu en 2004 pas moins de 11 Oscars, dont celui du meilleur film... Peter Jackson, aux manettes, a repris du service et, avec lui, la plupart des techniciens et des acteurs. Elijah Wood (Frodon) réapparaît brièvement au début de l'aventure, Ian McKellen (Gandalf) rempile dans le rôle du magicien paternaliste, Cate Blanchett (Galadriel), plus éthérée que jamais, a "chaussé" à nouveau ses longues oreilles d'elfe… Même le visqueux Gollum est de retour.
Mais c'est surtout l'arrivée d'un petit nouveau dans la bande qui fait mouche. Martin Freeman, à qui revient la lourde tâche d'endosser le rôle titre, s'est jusqu'ici surtout illustré dans d'excellentes séries télé anglaises (Sherlock, The Office). Avec ses mines effarées d'anti-héros pantouflard plongé au cœur du danger, il donne à l'aventure de belles respirations comiques.
Les scènes d'extérieur ? Toujours aussi fabuleuses… Elles ne dépayseront pas les amateurs de la trilogie. La caméra virevolte au-dessus de forêts luxuriantes, de cascades, de grottes, de montagnes vertigineuses, essentiellement filmées en Nouvelle-Zélande et qui rendent hommage aux aquarelles d'Alan Lee. Cet illustrateur anglais a réalisé quelques-unes des plus belles illustrations de l’univers de Tolkien. A la différence près que, cette fois, tout a été filmé pour la 3D. Peter Jackson, en bon geek qu'il est, s'est doté des toutes dernières technologies qui permettent d'obtenir des images moins sombres et de meilleure définition. Bluffant.
L'épisode apporte aussi son lot de créatures répugnantes. Outre les nains aux trognes grotesques, défilent des trolls aussi grands qu'idiots, une foule de gobelins dominés par un roi au goitre long comme le bras, d'infectes Orques, des géants de pierre, des aigles démesurés, des Ouargues (sorte de loups géants)… Les amateurs d'animation vont se régaler.
Contre : un voyage longuet… et inachevé
Un film merveilleux, donc ? Oui et non. Il déçoit un peu, d'abord parce que l'on découvre à la fin de la projection… que d'autres épisodes sont à venir. Et à moins d'avoir suivi les déclarations du réalisateur néo-zélandais, qui a annoncé vouloir faire une trilogie, on se sent victime d'une belle arnaque puisque l'affiche ne fait aucune mention d'un film à épisodes. Fallait-il autant délayer ce conte, qui tient dans un livre de poche ?
Car malgré la débauche d'effets visuels, de gags réussis, d'empoignades bien menées, cette première partie fleuve (2h45) tire en longueur et en rajoute sur l'effet "panorama grandiose".
Sacrilège, malgré ce qu'on peut lire ailleurs comme sur Le Figaro.fr, cette adaptation est loin d’être fidèle au conte d’origine. Certaines scènes, qui ne font pas partie du livre, ont été étoffées ou tout bonnement inventées, des personnages ajoutés. Les inconditionnels de Tolkien, ceux qui parlent l'elfique (oui, cela existe), seront surpris de voir apparaître Radagast, magicien de la forêt au visage couvert d'humus, qui n'est que mentionné dans le roman original. L'ignoble Azog, un Orque pâle qui cherche à en découdre avec les nains, s'est aussi incrusté dans l'intrigue… Et les elfes, par nature un peu gnangnan, ont pris de l'importance dans le film, musique doucereuse en prime.
Surtout, d'ajout en ajout, le voyage du Hobbit vire parfois au film fantastique d'action enquillant les scènes de bataille. Et c'est le grand tort de ce long métrage qui se positionne comme un Seigneur des anneaux bis, oubliant en chemin, après un début plutôt fendard, le ton léger, rigolard, du conte pour enfants dont il s'inspire.
Faut-il y aller ? Plutôt oui
Malgré un petit manque d'originalité et de rythme, Le Hobbit est une version survitaminée du Seigneur des anneaux, la 3D en plus. Les fans y retrouveront le souffle épique grandiose qui caractérisait les premières adaptations. Peter Jackson le magicien a réussi son tour.
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