Pour ou contre "Les Profs", avec Kev Adams, Christian Clavier...
Sept enseignants totalement nuls tentent de sauver une classe de cancres. "Aux pires élèves, les pires profs." Et le pire film ?
Le film s’ouvre sur des scènes de liesse : partout en France, des élèves de terminale sont reçus en masse au baccalauréat. Partout ? Non, car le lycée Jules-Ferry, peuplé d’irréductibles cancres, affiche seulement 12% de réussite au bac. A court d’idées, le proviseur se résout à faire appel à sept mercenaires, sept profs totalement incompétents, qui arrivent bientôt au ralenti dans la cour du lycée, cheveux ondulant au vent. Parmi eux, Cutiro (Christian Clavier) rapidement surnommé "Tirocu", tellement flemmard et transparent que tout le monde a fini par oublier ce qu’il enseigne. Gladys (Isabelle Nanty), prof d’anglais tyrannique, qui dégaine une tronçonneuse en plein cours pour séparer des copieurs. Polochon (Pierre-François Martin-Laval, alias "Pef", également réalisateur du film), obnubilé par Napoléon… Leur mission ? Dépasser le seuil des 50% de réussite au bac, ce qui n’est pas une mince affaire quand on a face à soi des élèves de la trempe de Boulard (Kev Adams) dont la seule ambition est de redoubler. Un film qui s’en sort avec mention ou qui peut mieux faire ?
Pour : une comédie populaire bien rythmée
Le cinéma français n’en finit pas de faire sa rentrée des classes. Ces dernières années, L’élève Ducobu, Les beaux gosses ou Entre les murs nous ramenaient déjà au "bahut". Et un remake du cultissime P.R.O.F.S, sorti en 1985, serait en préparation pour 2013 (toujours avec Patrick Bruel et Fabrice Luchini, selon L'Express).
Le film de Pierre-François Martin-Laval surfe aussi sur une autre tendance : l’adaptation d’une BD populaire, en l’occurrence la série Les Profs, entamée il y a treize ans et toujours publiée dans le Le journal de Mickey. En 2012, plus de 4 millions des albums imaginés par Pica et Erroc (respectivement dessinateur et scénariste) avaient déjà été vendus.
Le film prend des libertés : les amateurs de BD ne retrouveront pas le Cutiro moustachu et hirsute qu’ils connaissent, et seront étonnés de découvrir un Maurice (le prof de philo) passé de compétent, dans les albums, à totalement abscons… et s’exprimant avec un fort accent québécois. L’intrigue totalement inventée garde néanmoins un état d’esprit très cartoon.
Rythmé, le film enchaîne des gags bon enfant qui semblent sortis d’un Tex Avery, et on se prend à sourire en voyant Clavier essuyer consciencieusement un tableau vide ou Isabelle Nanty mitrailler ses élèves à coups de craies et lancer à Boulard "don’t try to play au con avec moi !" La bonne humeur des acteurs, à fond dans la farce, est d’ailleurs communicative. Mention spéciale pour François Morel, l’adjoint de l’inspecteur d’Académie, en super méchant à moustache. Il y a aussi de bonnes idées farfelues, comme celle du camp d’entraînement intensif pour les mauvais élèves, entre lycée utopique autogestionnaire et préparation militaire à la Full Metal Jacket.
Contre : déconseillé aux plus de 10 ans
Mais globalement, si les plus petits rient aux éclats, les adultes s’ennuient ferme. La plupart des vannes reposent sur des clichés éculés (un prof qui se fait mal à l'épaule en essayant de défoncer une porte, des jeunes mâles qui tombent littéralement à la renverse face à la prof de français bien roulée). Et parfois limites, comme lorsque le prof de sport tire les cheveux d’un noir coiffé façon afro et lui demande d’enlever sa perruque. Un peu de pipi-caca par-ci ("ça a un gros arrière-goût de merde", lâche le proviseur en goûtant une substance inconnue), un peu de zigounette par-là ("le ministre a une petite bite") : l’ensemble est plutôt du niveau maternel que lycée.
Et si le corps enseignant se défend plutôt bien niveau jeu, les élèves sont très inégaux. Kev Adams, particulièrement, signe une interprétation très plate. Même si l'intrigue est totalement prétexte, on a du mal à croire que les profs se prennent d'affection pour autant de têtes à claques.
Surtout, il n’y a pas vraiment d'idée de cinéma, de mouvements de caméra, de plans originaux à se mettre sous la rétine. A part quelques incursions parodiques dans d’autres genres (le film de zombies, le film d’amour…), Pierre-François Martin-Laval se contente d’illustrer des blagues, plutôt efficacement, c'est vrai, mais sans génie.
Faut-il y aller ?
C'est sûr, le film va faire un carton auprès des "kids". Mais si vous avez passé la barre des âges à deux chiffres, on vous conseille de faire séance buissonnière.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.