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Pour ou contre "Max", avec Mathilde Seigner et JoeyStarr ?

Stéphanie Murat raconte l'histoire d'une petite fille qui offre une prostituée à son père pour Noël. Belle surprise ou cadeau empoisonné ?

Article rédigé par Léo Pajon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"Max", avec JoeyStarr et Mathilde Seigner, sortie le 23 janvier 2013. (WARNER BROS. FRANCE)

Depuis la mort de sa mère, Max (Shana Castera), vit seule avec son père Toni (JoeyStarr), un truand sans envergure. Un soir de fugue, elle rencontre Rose (Mathilde Seigner), une fille de joie, et se met en tête de l'offrir à son père pour Noël. Malgré son pitch digne d'un conte de fées, ce film est-il vraiment un cadeau ?

Pour : quelques minutes magiques

La réalisatrice, Stéphanie Murat, explique avoir voulu "créer quelque chose de gai avec trois bouts de guirlande". De fait, l'univers qu'elle a bricolé a quelque chose de bancal et de profondément humain. Toni et Max vivent dans un petit pavillon de banlieue à l'électricité vacillante, aux murs lézardés, qui répondent aux fêlures du père et de sa fille. Jean-Pierre Marielle joue Nick, un vieillard débonnaire totalement à l'ouest, complice de Toni, qui complète ce tableau de joyeux paumés. Ce pied nickelé de l'arnaque n'hésite pas à dealer des poulets, unique butin d'un hold-up qui a mal tourné, comme s'il vendait de la drogue !

Quant au scénario, abracadabrantesque, conviant une prostituée près du sapin, il a au moins le mérite de l'originalité. Tout comme le premier long métrage de Stéphanie Murat, Victoire, qui racontait l'histoire d'une douce jeune fille se muant en tueuse.

Autre point fort : JoeyStarr. Le hurleur de NTM est à contre-emploi mais reste crédible dans ce rôle de papa-poule, un dur tendre qui fait des "bisous prout" à sa petite fille et braque un supermarché pour lui offrir une Barbie. Nouvelle figure incontournable du cinéma français (on l'a vu récemment dans Polisse ou Les Seigneurs) il réussit même à faire surgir un peu d'émotion et à sortir le spectateur de sa léthargie.

Contre : un conte qui sonne faux

Les bons sentiments font-ils forcément les bons films ? Non, malheureusement. Engluée dans le pathos et les clichés, Stéphanie Murat brode sur l'archétype de "la pute au grand cœur" qui se promène évidemment en jupe taille XXS et gilet à motif léopard, et du gentil voyou. Mais comme les pistolets à eau que Toni utilise pour ses braquages, ses portraits ne sont guère efficaces. Elle ne réussit que rarement à créer de l'empathie pour ses personnages et à nous faire croire à ce qu'elle raconte.

Peut-être aussi parce que l'histoire est cousue de fil blanc, et son dénouement connu d'avance. Le film se déroule sans qu'aucun rebondissement ne vienne jamais rappeler au spectateur qu'un scénariste est passé par-là. On pensait que Thierry Ardisson, qui a eu l'idée du pitch et coproduit ce long métrage (une première), aurait imaginé une aventure plus pimentée. Car si cette comédie évoque évidemment un autre conte de fées moderne, Pretty Woman, elle est loin d'être aussi enlevée. Le couple incarné par Julia Roberts et Richard Gere, plus dépareillé, se prêtait peut-être mieux aux coups de théâtre.

Souffrant de problèmes de rythme, le film pêche aussi par l'interprétation. Jean-Pierre Marielle en fait des tonnes en vieux brigand plein de tendresse et termine toutes ses répliques par un grand rire rauque, peut-être pour pallier la pauvreté des dialogues ? Quant à Mathilde Seigner, vraiment peu inspirée, elle ne réussit jamais à convaincre. Et certaines séquences censées façonner des envolées lyriques, comme cette fête de Noël où les personnages se déguisent en indiens, créent seulement le malaise.

Faut-il y aller ? A moins d'avoir passé de très mauvaises fêtes et de vouloir renouer à tout prix avec l'esprit de Noël, on ne vous le conseille pas.

Et vous, êtes-vous pour ou contre ?

 

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