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Pour ou contre "Warm Bodies", comédie romantique avec des zombies ?

Un mort-vivant tombe amoureux d'une blonde pleine de vie. Ce "Roméo et Juliette" version gore est-il digeste ?

Article rédigé par Léo Pajon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"R" (Nicholas Hoult), le beau gosse au teint blafard de "Warm Bodies", en salles mercredi 20 mars. (METROPOLITAN FILMEXPORT)

"Qu'est-ce que je fais de ma vie ? Je suis si pâle. Je devrais sortir plus souvent. Mieux manger. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à communiquer avec les gens ? J'oubliais, c'est parce que je suis mort."

C'est sur ces notes désabusées que démarre Warm Bodies, dans le décor lugubre d'un aéroport abandonné où déambulent des zombies amateurs de chair humaine. Tout semble en place pour se lancer dans un bon film gore à la sauce Romero (le réalisateur de La Nuit des morts-vivants). Sauf que le héros que nous entendons en voix off va tomber amoureux. Baptisé "R" – le seul son qu'il est capable de prononcer –, ce "Roméo" zombie s'éprend d’une jeune blonde bien vivante, Julia (pour Juliette). Leur romance impossible est-elle la déclinaison de trop du drame de Shakespeare ?

Pour : du sang neuf dans la comédie

S'il fait souvent référence à Roméo et Juliette (on retrouve même la célèbre scène du balcon), Warm Bodies est d'abord l'adaptation du roman du même nom d'Isaac Marion, lui-même tiré d’une courte nouvelle écrite sur internet (en anglais). Comme le bouquin, le film mélange les genres : comédie, gore et histoire d’amour. Autant le dire tout de suite, nous sommes plus proches de Shaun Of The Dead, autre comédie à sang froid, que de Twilight auquel le long métrage a été comparé. Certes, ici aussi on retrouve un beau gosse pâlichon, l'acteur britannique Nicholas Hoult, campant un monstre qui devient peu à peu désirable. Mais il n'est jamais question de vampire, et surtout, une ironie mordante accompagne la romance entre la belle et la bête. Comme lorsque "R", incapable de faire autre chose que fixer bêtement son élue, se dit qu'il aimerait bien mourir à nouveau.

L'originalité du film gentiment gore réalisé par l'Américain Jonathan Levine (The Wackness) tient à ce que, pour une fois, on aborde l'action du point de vue du zombie. Un zombie délicat et un peu paumé qui répugne à se délecter de chair fraîche et aime écouter de vieux 33 tours. Presque un humain, en somme. Ou plutôt un ado, car Warm Bodies est avant tout une parabole sur l'âge ingrat. Son jeune héros voûté, constamment en train de grogner et de marmonner, est incapable de communiquer avec ses semblables. Ce n'est qu'en s'éveillant à l'amour qu'il réussit enfin à s'épanouir.

Autre point fort du film : l'image est belle. D'abord traitée dans des couleurs froides, bleu-gris, elle se réchauffe au fur et à mesure que la relation entre "R" et Julia se précise.

Contre : un scénario mort-vivant

Sympathique, le film souffre néanmoins d'un gros défaut : l'intrigue est souvent chancelante. Le réalisateur ne semble prendre vraiment au sérieux ni l'histoire d'amour (dont l'issue est prévisible) ni l'intrigue post-apocalyptique qu'il développe. Exemple ? Au début du film, "R" se débarrasse de l'ex de Julia… en lui mangeant le cerveau. Une solution un peu brutale pour écarter un rival. Et pourtant, la jeune fille ne va pas lui en tenir rigueur bien longtemps. D'autres zones d'ombre sont plus dérangeantes. Pourquoi "R" est-il différent des autres zombies ? Pourquoi son amour le transforme-t-il peu à peu ? Quelques indices seulement permettent au spectateur de se faire une idée… ce qui ne suffit pas à le tenir en haleine pendant 1h37.

D'autant que Warm Bodies se traîne parfois avec la même lenteur que les zombies qu'il met en scène. Certaines séquences très contemplatives, sur une bande son un tantinet guimauve, ajoutent aux problèmes de rythme.

Faut-il y aller ?

Pourquoi pas. Malgré son intrigue moribonde, cette bluette gore est un divertissement plutôt réussi.

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