Cet article date de plus de dix ans.

Pourquoi le cinéma français regagne le haut de l'affiche

Après une année 2013 morose, la fréquentation des salles est en hausse au premier semestre 2014, notamment grâce à quelques gros succès français.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Christian Clavier et Chantal Lauby, dans "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?", de Philippe de Chauveron, sorti en 2014. (ARNAUD BORREL / UGC DISTRIBUTION)

Les films français retrouvent un peu le sourire. La fréquentation des salles de cinéma a progressé de 11,4% au premier semestre 2014, par rapport à la même période l'année dernière, selon les données du Centre national du cinéma (CNC), publiées lundi 7 juillet.

Surprise : le cinéma français a retrouvé de son punch et assommé les films américains sortis à la même période. La part de marché des films français a bondi de plus de 10 points, tandis que les productions américaines ont reculé de 7. Et ce, pour quatre raisons.

Parce que "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" 

Encore en salles et déjà vu par plus de 10 millions de spectateurs, Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? rassure les grosses maisons de production. "Il prouve que la comédie populaire à la française peut encore avoir du succès, malgré plusieurs échecs retentissants en 2013", analysent Les Echos. Le producteur et distributeur, UGC, espère d'ailleurs laisser le film, avec Chantal Lauby et Christian Clavier, en salles tout l'été, ajoute le quotidien économique. 

L'Express donne les trois principaux ingrédients de la recette : un bouche à oreille "remarquable", un film "ancré dans son époque", et surtout un humour "irrésistible". Le film n'est pas le seul à réussir sur ce modèle. Il suffit de regarder le box-office français du début de l'année pour le constater : les comédies sont nettement plus nombreuses que les autres genres. Derrière le champion cavalent Supercondriaque (avec plus de 5 millions d'entrées), Les Trois Frères : le retour, Babysitting et Fiston.

Parce que les superhéros américains sont fatigués

Hollywood a déjà proposé beaucoup de sequels aux spectateurs français en 2014. Pierre Barrette, spécialiste du cinéma en expliquait la raison, dans un entretien accordé en mars à francetv info : "Etant donné les investissements faramineux, les studios ne peuvent pas se permettre de rater leur coup. Les producteurs comptent sur des valeurs sûres, (...) dont ils multiplient les suites. Cela appauvrit le cinéma américain, lisse les scénarios, car les clés de la narration sont toujours les mêmes." 

Le public français serait-il lassé de ces suites qui usent les costumes des superhéros jusqu'à la corde ? Les blockbusters hollywoodiens n'écrasent plus tous leurs concurrents dès leur sortie. X-Men : Days of Future Past, Rio 2, The Amazing Spider-Man 2, Captain America : le soldat de l'hiver, s'ils séduisent toujours, restent loin derrière Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? et Supercondriaque.

La chute des parts de marché des films américains, début 2014, témoigne de ce désintérêt naissant. Le public français snobe Hollywood quand il retrouve son cinéma national.

Parce que 2013 fut une mauvaise année (comme 2011)

Il est d'autant plus facile pour l'industrie française de se réjouir du cru 2014, que l'année précédente a été bien triste. Le dessin animé La Reine des Neiges, de Disney, est le seul film à avoir dépassé les 5 millions d'entrées en France. Le premier long-métrage français du box-office annuelLes Profs, avec Kev Adams, n'est arrivé que septième, avec moins de 4 millions de spectateurs. Sur l'année, la part de marché détenue par les productions tricolores a culminé à 33,3% (37,4% au premier semestre), selon les données provisoires du CNC. Forcément, les 48,5% atteints au premier semestre 2014 font rêver les producteurs.

Toutefois, l'embellie risque de n'être que temporaire. Début 2014, les investissements dans les films français sont tombés à leur plus bas niveau depuis dix ans, selon le CNC. Le nombre de productions au budget supérieur à 7 millions d’euros chute de 19 films en 2013 à 14 cette année, alors que le nombre total de films produits est stable. "Un signal inquiétant, puisque ce sont ces grosses productions hexagonales qui tirent la fréquentation dans les salles et permettent au cinéma français d’afficher une part de marché historiquement" haute, expliquent Les Echos.

C'est la fin des superproductions comme Astérix et Obélix, au service de Sa Majesté, qui n'avait même pas atteint les 4 millions d'entrées pour rentabiliser son budget exceptionnel de plus de 60 millions d'euros. L'Express y voit peut-être "le fruit du coup de semonce du producteur Vincent Maraval". En janvier 2013, ce dernier avait dénoncé le système de financement du cinéma français qui permet aux producteurs de verser des cachets exorbitants aux stars. Si c'est bien le cas, l'industrie française pourrait finalement se tourner vers des films moins coûteux, plus singuliers, sans têtes d'affiche cher payées.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.