Quand vivre dans une maison vue au cinéma (ou à la télé) devient un enfer
Harcelé par les fans, un couple de retraités américains a dû porter plainte contre les producteurs de "Conjuring", un film d'horreur qui se passe dans une réplique de leur maison.
Non pas que leur maison soit vraiment hantée, mais Norma Sutcliffe et Gerald Helfrich vivent un enfer. Ce couple de retraités américains habite Harrisville, dans le Rhode Island, dans la demeure qui sert de théâtre au film d'horreur Conjuring. Il s'agit en fait d'une réplique exacte de leur maison. Mais, depuis la sortie du long-métrage de James Wan, en 2013, les deux propriétaires, retraités, font l'objet, assurent-ils, de "menaces de violences physiques" et n'en dorment plus la nuit "de crainte que des intrus ne pénètrent" dans leur résidence. Ils ont décidé de porter plainte contre Warner Bros, rapporte le magazine Entertainment Weekly (en anglais), lundi 5 octobre. En cause : les studios, producteurs de Conjuring, ne les ont jamais prévenus qu'ils préparaient un film inspiré par leur maison. Ils ne sont malheureusement pas les premiers à subir les nuisances des fans et des curieux.
Tous en skate dans la rue de "Retour vers le futur"
Si elle pouvait revenir en arrière, Mary Fentriss n'hésiterait pas. Si elle avait su ce qui l'attendait, elle n'aurait pas loué sa maison à Robert Zemeckis et à son équipe en 1985. "Je ne veux plus rien avoir à faire avec Retour vers le futur. J'en ai fini", lâche-t-elle au Daily Mail (en anglais). Et pour cause, la propriétaire d'un petit pavillon au 9303 Roslyndale Avenue à Los Angeles (Californie) est harcelée par les admirateurs qui viennent sonner chez elle et demandent carrément à entrer. Car c'est dans sa cuisine qu'ont été tournées certaines scènes de la trilogie.
"Ça n'arrête jamais", confirme Joan Lewis, sa voisine. "Ils viennent du monde entier, d'Angleterre, d'Australie, de Russie et même du Japon." Pire, face à la pression des fans, Mary Fentriss n'ose pas altérer quoi que ce soit à la décoration extérieure de sa maison. "Pauvre Mary, la plaint son amie. Elle ne peut même pas changer de porte de garage." Une porte devant laquelle quelques fans imitent Michael J. Fox et s'amusent à faire du skate, à l'instar du héros du film.
Pluie de pizzas sur le toit de la maison de "Breaking Bad"
Dans une scène désormais célèbre de Breaking Bad, Walter White, le héros/dealeur de méthamphétamine de la série, vient sonner à la porte de sa femme, Skyler, et tente de se rabibocher. En vain. Le personnage de Bryan Cranston repart donc et jette la pizza qu'il compter manger avec elle sur le toit de leur maison, en banlieue résidentielle d'Albuquerque (Nouveau-Mexique).
Et les inconditionnels de la série, manifestement inspirés, ont été nombreux à rejouer cette célèbre scène de Breaking Bad. Si bien que son créateur, Vince Gilligan, a dû leur demander d'arrêter : "Il n'y a rien de drôle ou de cool, dit-il. Ce n'est ni amusant ni original. D'autres l'ont fait avant vous." En effet, comme l'explique Fran Padilla, la véritable propriétaire de la maison, à la radio NPR (en anglais) : "On a eu des pizzas sur notre toit, des pizzas dans notre allée, des pizzas jusqu'à ce que vous en deveniez malade."
La porte de "Coup de foudre à Notting Hill" assiégée
C'est probablement la deuxième porte la plus connue de Londres (Royaume-Uni) après le 10 Downing Street, la résidence du Premier ministre. Dans Coup de foudre à Notting Hill, Julia Roberts et Hugh Grant tombent amoureux devant la porte située au numéro 280 de la Westbourne Park Road, la résidence du scénariste Richard Curtis. Le succès de la comédie romantique (et l'afflux de touristes venus voir la fameuse entrée bleue) le pousse rapidement à revendre le logement au comte Spencer, le frère de Lady Diana, rappelle Le Parisien. La compagne de ce dernier ne supporte plus la foule et revend la porte aux enchères quelques mois plus tard, se souvient Libération. Peu importe qu'elle ait été un temps repeinte en noir, et que l'appartement aperçu dans le film ne se situe pas derrière cette entrée, les visiteurs se ruent toujours devant. Aujourd'hui, elle a d'ailleurs retrouvé sa couleur bleue.
Les voisins bloqués devant la maison des "Goonies"
C'est en 2005 que les choses ont commencé à se gâter pour Sandi Preston, la propriétaire de la maison des Goonies, à Astoria, dans l'Oregon. Cette année-là, la comédie de Richard Donner fête son 20e anniversaire. Dans la foulée, jusqu'à un millier de personnes par jour peuvent déferler devant le numéro 368 de la 38e rue de cette ville de 10 000 habitants, raconte le Daily Mail (en anglais). "Il est devenu très difficile de vivre ici", témoigne Sandi Preston. Les hordes de fans bloquent parfois la route, le voisinage s'agace.
Trop, c'est trop. A l'été 2015, la propriétaire demande à la municipalité de limiter le tourisme autour du film, rapporte le Daily Astorian (en anglais). Au début de la rue, un panneau indique : "Accès à la maison des Goonies fermé." Mais certains enfreignent quand même l'interdiction. Sandi Preston a même dû installer des bâches bleues sur la façade pour empêcher les curieux de regarder à l'intérieur de la maison. Quand elle l'a achetée, en 2001, les Goonies étaient l'un de ses films préférés avec ses enfants. Pas sûr que ce soit encore le cas.
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