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Que nous apprennent les parodies de Wes Anderson sur Wes Anderson ?

Wes Anderson est l'un des réalisateurs d'Hollywood les plus parodiés. Alors que sort son nouveau film "The Grand Budapest Hotel", francetv info a cherché à savoir pourquoi. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Image du film "The Grand Budapest Hotel", de Wes Anderson, sorti le 26 février. ( 20TH CENTURY FOX)

The Grand Budapest Hotel sort en salle mercredi 26 février. A 44 ans, Wes Anderson signe son huitième long-métrage. Réalisateur incontournable depuis les hits La Vie aquatique, A bord du Darjeeling Limited ou, plus récemment, Moonrise Kingdom, il s'est distingué par un style unique, espiègle, fantaisiste et excessivement soigné. Ou agaçant et répétitif, selon que l'on aime ou pas son univers peuplé de moments gênants, de ralentis et de plans-séquences, compilés dans cette vidéo datée du mois de janvier. Puisque ces caractéristiques sautent aux yeux, le réalisateur texan figure parmi les auteurs les plus parodiables et parodiés d'Hollywood.

A l'occasion de la sortie de sa dernière livraison, francetv info s'est demandé ce que ces imitations pleines d'amour et d'humour nous disaient du maître.  

Son esthétique est vue comme la clé de son œuvre…

Comme la recette du fondant au dos des plaquettes de chocolat, il semblerait que la recette d'un Wes Anderson soit fournie avec chaque DVD. Plans-séquences de marches groupées, cadrages symétriques, classiques de la pop en fond sonore, texte en police Futura sans-serif jaune, décors baroques et ralentis... Les parodies appliquent à la règle les codes esthétiques du réalisateur. Comme dans ce (très réussi) faux remake de Point Break ou cette fausse pub pour John McCain, adversaire de Barack Obama en 2008.

Ces commandements esthétiques sont détaillés par Anderson lui-même dans cette vidéo mise en ligne par le site Waytooindie.com (en anglais). Mais l'initiation la plus pratique aux codes de l'Américain a été rédigée par l'un de ses parodieurs : Alex Buono. L'homme derrière la fausse bande-annonce de The Midnight Coterie of Sinister Intruders, réalisée pour l'émission américaine "Saturday Night Live", explique sur son blog (en anglais) comment réaliser une parfaite parodie en accord avec l'univers visuel du Texan. 

… mais elle ne suffit pas à faire du Wes Anderson

Certes, personne n'est aussi pointilleux que le réalisateur lui-même. Et tout le monde ne bénéficie pas d'un budget hollywoodien ou d'un staff attentionné et minutieux comme on en trouvait sur le plateau de son Fantastic Mister Foxréalisé image par image avec des marionnettes. Mais force est de constater que l'accumulation des clichés "andersoniens" ne suffit pas à transformer un film amateur en coup de génie pop. 

Parce qu'en fait, Wes Anderson, c'est aussi "un esprit"… 

Preuve qu'on peut parodier Anderson sans se reposer sur son univers visuel : les multiples pastiches tirés d'images ou inspirés d'autres films, comme Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter, Star Wars ou encore Men in Black et Fight Club. Ce qu'ils mettent en avant ? Une bande originale (évidemment), des moments de malaise potentiels et une façon à la fois rock'n'roll et exagérément raffinée de raconter les histoires. 

D'ailleurs, Anderson lui-même ne se complaît pas dans ses tics esthétiques. Par exemple, dans son tout premier film Bottle Rocket ou dans cette pub que l'Américain a réalisée pour Ikea. 

… et un casting 

Bill Murray, Jason Schwartzman, Owen Wilson, Adrien Brody, etc. Wes Anderson est passé maître dans l'art de rassembler autour de lui le tout-Hollywood. Et ce dès ses débuts, pointe The Guardian (en anglais). Le site du quotidien britannique rappelle qu'à la fin des années 1990, le réalisateur n'avait qu'un film à son actif (Bottle Rocket, avec son ancien coloc Owen Wilson) lorsqu'il a convaincu Bill Murray (Rushmore), puis Gene Hackman, Gwyneth Paltrow ou Ben Stiller (La Famille Tenenbaum) de l'accompagner dans ce qui ressemble, dans le cas de Murray, à un contrat à vie. Pas étonnant que les parodies reprennent (et mélangent) les interprétations cultes de personnages piqués à plusieurs de ses films, comme dans cette parodie de Spiderman

Avec une mention spéciale pour la parodie canine, dont on appréciera le charisme naturel des interprètes. 

De toute façon, personne ne parodie mieux Wes Anderson que Wes Anderson

Truffaut, Fellini, Bergman... Wes Anderson n'a jamais nié s'inspirer d'autres réalisateurs. Mais ce qui le caractérise, note le site Newrepublic (en anglais), c'est sa façon de puiser dans son propre style, créant un monde dans lequel il ne peut être comparé qu'à lui-même, explique le critique. Il s'en amuse explicitement dans certaines publicités qu'il a réalisées, et tout spécialement dans celle-ci, datée de 2007.

Du coup, dire que le nouveau Wes Anderson, The Grand Budapest Hotel, "ressemble à la parodie d'un film de Wes Anderson, c'est faire fausse route", continue Newrepublic. "Cela laisse entendre qu'il existerait dans l'œuvre de Wes Anderson des choses qui ne soient pas déjà autoparodiques." Voilà qui ne rassurera pas ses détracteurs, mais qui enchantera ses fans.

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