Quinzaine des réalisateurs : le film indien "Ugly" mérite bien son titre
"Ugly" est un thriller. Un samedi après-midi, à Bombay, une petite fille de 9 ans, que son père a laissé attendre quelques instants dans la voiture, disparaît. L'enquête menée parallèlement par son père et les services de police est compliquée par les liens qui unissent (ou séparent) les principaux protagonistes.
Le chef de la police n'est autre que le nouveau mari de la mère de l'enfant disparue. Il est aussi un ancien condisciple du père à l'université. Les deux hommes gardent de l'époque une haine avivée par le fait d'avoir été mariés successivement à la même femme.
Bon titre
Au fil des deux heures que dure la recherche de l'enfant, chacun aura l'occasion de se montrer sous son vrai jour et de justifier sa place dans ce film dont le titre "Ugly" signifie, rappelons-le, "affreux".
Action
Rien ne manque, les bagarres, les passages à tabac dans le commissariat, les poursuites en voiture dans les rues de Bombay, les trahisons, les renversements de situations, les fausses pistes. C'est au point que le spectateur en arrive à ne plus savoir où il en est de ce scénario tiré par les cheveux.
L'inde sans fard
Mais l'essentiel est ailleurs. Plutôt que le destin de la malheureuse petite fille, on s'intéressera à ce que ce film nous montre, en creux pourrait-on dire, de l'Inde contemporaine. Il a d'ailleurs toutes les chances d'être très mal accueilli dans son propre pays pour ces mêmes raisons. On y apprend en effet que le trafic d'enfants est chose courante, que les Indiens préfèrent les enfants à la peau claire contrairement aux acheteurs étrangers, la corruption de la police y est évidente, de même que sa toute puissance face au simple citoyen. Quant à la situation de la femme, elle y apparaît déplorable, le principal personnage féminin étant gardé à la maison sous surveillance, sans aucun argent à sa disposition. Par ailleurs rien n'est fait non plus pour masquer la saleté endémique d'une grande ville comme Mumbay (Bombay).
Pas de happy ending
"Ugly" apparaît donc comme un "anti-Bollywood". Ici rien ne finit bien, la saleté est visible à l'image, la grande violence de la société indienne apparaît en pleine lumière et les personnages sont présentés comme n'ayant aucune morale.
Pourquoi tant de bruit ?
Pour ces raisons quasiment documentaires le film retiendra l'attention des spectateurs intéressés par l'Inde et sa société. Les autres se perdront dans un scénario trop compliqué, trouveront qu'il aurait mérité de durer une demi-heure de moins et surtout sortiront de la salle avec un énorme mal de tête. La bande sonore tonitruante appuie chaque effet avec une telle violence qu'on a l'impression, dans la première scène par exemple, qu'un Airbus est en phase de décollage dans la chambre où une femme est simplement perdue dans ses pensées.
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