"Foxfire, confessions d'un gang de filles" : les rebelles des années 50
De Laurent Cantet : (France-Canada) : Avec Raven Adamson, Katie Coseni, Madeleine Bisson, Claire Mazerolle, Paige Moyles, Tamara Hope - 2h23 - Sortie le 2 janvier 2013
Synopsis : un quartier populaire d'une petite ville de l'Etat de New-York dans les années 50. Cinq adolescentes décident de se constituer en armée secrète pour se venger des humiliations subies et se dotent d'un nom de guerre : Foxfire. De graffitis sur les vitrines en expéditions punitives contre les hommes qui les ont harcelées, les filles du gang décident de vivre selon leurs propres lois, jusqu'à mener sous l'impulsion de leur chef Legs, une expérience communautaire dans une ferme louée à bas prix. Mais sous la pression des contraintes materielles, leurs opérations commando se radicalisent.
Reportage France3 de Jean-Marc Pitte, Salah Agrabi, Jean-Pierre Frescaline et Sophie Lacombe
Un film d'époque avec la lutte des classes en ligne de front
"Ressources humaines" en 2000, "L'emploi du temps" en 2001 ou "Entre les murs" en 2008...les thèmes traités dans les films de Laurent Cantet sont forts, engagés et ne laissent jamais personne indifférent. Cette fois, c'est aux états-unis qu'il a choisi de se rendre pour nous raconter l'histoire d'un gang de filles dans les années 50. Un film d'époque, un nouvel exercice de style auquel le réalisateur ne s'est jamais frotté. Un vrai pari ! Pour cela, Laurent Cantet s'est appuyé sur le livre de la romancière américaine Joyce Carol Oates. Le cinéaste raconte l'histoire de cette bande de filles rebelles dans un ordre chronologique pour conserver tout le dynamisme de cette épopée qui, en effet, pendant 2h20 vous transporte du début jusqu'à la fin. Si au début du film ce clan de filles toutes défavorisées se défend contre le machisme ambiant, leur lutte prend de l'ampleur. Elles s'opposent à la société de consommation et au libéralisme économique de ces années 50 par la désobéissance.
Des thèmes chers à Laurent Cantet
Le gang qu'elles appelleront "Foxfire" avec à sa tête Legs, leur chef adulée, poursuit un rêve impossible : vivre selon ses propres lois. Les thèmes chers à Laurent Cantet sont une fois de plus abordés comme la politique bien évidemment puisque sans vraiment le savoir, en pleine période du Maccarthysme, les filles expérimentent le communisme lorsqu'elles décident de vivre en communauté dans cette vieille ferme et de partager leur maigre revenu. L'exclusion, la place de l'individu dans le groupe, la résistance aux codes imposés par la société sont également traités. Le racisme dans les années 50 est survolé lorsque dans l'une des scènes fortes, Legs la chef de la bande tente d'inclure une fille noire dans le groupe qui sera rejetée par l'ensemble du clan. Si ces thèmes sont abordés pendant les années 50, ils n'en demeurent pas moins très actuels. Et c'est toute la force de ce film.
500 jeunes filles auditionnées pour les rôles de Legs, Maddy et Cie
Laurent Cantet a une fois de plus choisi ses comédiens chez les non-professionnels. Toutes les filles dans le film à l'exception du personnage de Marianne Kellog ne sont pas du métier. Le réalisateur a sillonné pendant cinq mois le Canada pour organiser des castings dans des écoles, des maisons de quartier, des centres d'accueil pour jeunes en difficulté à la recherche des personnages du Gang et surtout celui de Legs, la chef du groupe au charisme indéniable. Il recherchait des caractères forts pouvant interpréter les différentes personnalités afin de constituer un groupe cohérent. Le personnage de Legs évolue au long de l'histoire. Il est plus complexe et profond. Celui de Maddy, la narratrice, est considéré par le reste du groupe comme l'intellectuelle de la bande. Elle en sera chassée parce qu'elle refusera d'adhérer aux actes de violence. Toutes les filles sont très bien dans leur rôle et l'on s'attache à ces personnages aux caractères forts.
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