"Pitchipoï" de Charles Najman, l'identité juive sous l'angle de l'humour et de la poésie
Le mot « Pitchipoï » était utilisé par les juifs du camp de Drancy pour désigner la destination inconnue vers laquelle se dirigeaient quelque part « vers l’Est » les convois de déportés. Ce sont les enfants du camp qui ont été les premiers à l’utiliser.
Dans « Pitchipoï », Charles Najman raconte l’histoire de Julien Schulmann, un humoriste qui n'hésite pas à plaisanter sur les juifs et qui se retrouve confronté à la mort de son père, rescapé des camps d’extermination. Dans son testament, il demande à son autre fils, Pierre, de disperser ses cendres en Pologne, sa terre d’origine. Mais Pierre a disparu depuis deux ans. Malgré la déception de ne pas avoir été choisi d’entrée par son père, Julien va accepter de réaliser sa dernière volonté. Dans le même temps, ses proches se demandent s'il ne vont pas faire l'Alyah, le retour en Israël.
Reportage : H. Guttmann / G. Pinol / F. Mazzega
Dans ce film, Charles Najman s’intéresse non pas à la Shoah en elle-même mais à la façon dont on peut survivre à l’horreur. Une question qui résonne en cette année 2015 où l’on commémore le 70e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz par l’Armée rouge.
Dans "Pitchipoï" écrit-il, "loin d'avoir voulu réaliser un film didactique sur le conflit israélo-palestinien, ce qui m'intéresse c'est de pousser à bout une situation absurde, empreinte de cette ironie, de cette autodérision qui caractérisent selon moi, fondamentalement l'humour juif". Charles Najman a également signé plusieurs longs-métarges, soit documentaire comme "Les illuminations de Madame Nerval" (1999, prix du Festival du film ethnologique de Paris et grand prix du Festival international de Kalamata), mais aussi de fiction comme "Royal Bonbon" qui évoque le pouvoir et la folie à Haïti (prix Jean Vigo 2002). Il a publié deux livres, "La police des images" et "Haïti, Dieu seul me voit", pour lequel il a obtenu la bourse de la Villa Médicis.
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