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"Schizophrenia" en DVD : meurtres en direct

Labellisé par l’éditeur Carlotta « le film fétiche" de Gaspar Noé », « Schizophrenia », du cinéaste autrichien Gérald Kargl, ne dépareillerait pas dans la filmographie du réalisateur de « Irréversible » ou « Enter the Void ». Froid, violent, implacable, « Schizophrenia », qui date de 1983, n’est également pas sans rappeler le Michael Haneke de « Funny Games ».
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Erwin Leder dans "Schizophrenia" de Gerard Kargl
 (Carlotta Films)

Synopsis : Un psychopathe est libéré de prison après avoir purgé une longue peine pour le meurtre d’une vieille dame. Errant dans la ville, il retrouve le monde avec une seule idée en tête : tuer à nouveau. Après avoir tenté d’étrangler la conductrice d’un taxi, l’homme s’enfuit et se réfugie dans une maison où habitent une vieille dame, sa fille et son fils handicapé. Excité par le nouveau terrain de jeu qui s’offre à lui, le tueur s’apprête à frapper…

Le film : De Gérald Kargl, on ne connaît en France que cet étrange et dérangeant « Shizophrenia ». Récit coup de poing en voix off, par le meurtrier lui-même, d’après un fait divers, le film évoque « Funny Games » de Haneke qui a été réalisé bien après, en 1997. Le cinéma autrichien est décidément hanté d’histoires sordides et violentes.

Erwin Leder dans "Schizophrenia" de Gerard Kargl
 (Calotta Films)

Si les deux films traitent de meurtriers qui s’introduisent chez un particulier dans le seul et unique but d’en tuer les occupants, le filmage est résolument différent. Haneke filme en plans fixes, alors que Kargl tourne en caméra portée, chorégraphiant d’étranges travellings et tournoyant autour de son personnage déséquilibré. Tant et si bien que l’on se demande plus d’une fois où il à placé sa caméra pour cadrer de telles images

Cette technicité, qui n’a rien de gratuit, insuffle une nervosité au récit, lui-même empreint d’une grande violence. Liée à l’interprétation hallucinée de Erwin Leder, elle donne au film une dimension qui frise l’expérimental, pour mettre à rude épreuve les nerfs des spectateurs. La musique de Klaus Schulze, star de la musique planante des années 70, n’y est pas non plus pour rien. Une impression de temps réel, alors que la temporalité du film s'étend sur 24 heures, est également des plus curieuses. L’avertissement de l’éditeur, Carlotta, déconseillant le film aux personnes sensibles, même adultes, est loin d’être usurpé. A ne pas mettre entre toutes les mains.

Erwin Leder dans "Schizophrenia" de Gerald Kargl
 (Carlotta Films)

Les bonus : Le réalisateur Gaspar Noé explique les raisons pour lesquelles « Schizophrenia » le fascine autant et l’influence qu’il a eu sur ses propres films. Une interview du réalisateur Gérald Kargl lève le voile sur la gestation et la mise en œuvre du projet, ainsi que les énormes difficultés du cinéaste à distribuer son film, à une époque où la censure était particulièrement virulente.

Un autre entretien permet au directeur de la photographie, coscénariste et monteur de « Schizophrenia », Zbigniew Rybczynski, d’expliquer son approche du sujet et les inventions visuelles qui le servent, notamment les complexes systèmes de harnais et de miroirs qui apportent au film une dynamique et une étrangeté toute particulière. Enfin un échange entre l’acteur Erwin Leder et le Dr. Harold David, expert en psychiatrie médico-légale, explore les pathologies meurtrières, leurs projections dans les arts et dans le film de Gérald Kargl. Près de deux heures de bonus au total, passionnantes à plus d’un titre, sur un film injustement confiné aux oubliettes pendant près de trente ans.

Shizophrenia
De Gérald Kargl (Autriche), avec : Erwin Leder, Silvia Rabenreither, Edith Rosset – 1h22 – 1983
Carlotta Films
2 DVD (films + bonnus) : 16,99 euros
Blu-ray : 19,99 euros

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