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"The Music Lovers" : le biopic de Tchaikovski par Ken Russell enfin en DVD

Rares sont les films de Ken Russell - décédé il y a tout juste un an - disponibles en DVD. "The Music Lovers", avec lequel il inaugurait une série de biopics musicaux, est un de ses films les plus réussis. Espérons que cette sortie annonce d'autres moutures d'un des cinéastes britanniques les plus discutés et sulfureux.
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Richard Chamberlain, Glenda Jackson et Christopher Gable dans "The Music Lovers" de Ken Russell
 (MGM/BelAir Classiques)

Synopsis : Pour ne pas être marginalisé à cause de son homosexualité, le musicien Piotr Ilitch Tchaïkovski épouse une de ses admiratrices, Nina, ingénue et crédule. Mais celle-ci devient de plus en plus frustrée, au point de devenir nymphomane. C'est finalement la folie qui l'emporte, laissant Tchaïkovsky dans la détresse et le désespoir.

Libertaire
Quand il sort en 1970, « The Music Lovers » fait scandale en abordant de front  l’homosexualité de Tchaïkovski avec une frénésie peu commune pour une biographie consacrée à un auteur classique, vénéré comme un des plus grands musiciens de son temps. L’interprétation qu’en donne Richard Chamberlain traduit une fièvre passionnelle peu commune à l’écran. Tout comme Glenda Jackson, égérie de Ken Russell, qui interprète des scènes de folie dominée par sa nymphomanie, à la limite du soutenable.

Russell à déjà une réputation de cinéaste dérangeant avec une thématique sexuelle dominante. Comme dans « Love » avec Alan Bates, Oliver Reed et déjà Glenda Jackson, qui adapte D. H. Lawrence, et évoque un couple à trois au début du XXe siècle. Le cinéaste est de ce point de vue en accord total avec son époque, et son cinéma un des plus symptomatiques des libertaires années 70. La critique lui reprochera souvent ses excès de mise en scène, mais c’est ce qui enthousiaste ceux qui y adhèrent.

"The Music Lovers" de Ken Russell en DVD
 (BelAir Classiques)

Exentrique
Le cinéaste multiplie les excentricités, ses détracteurs estimant qu’il s’éloigne par trop de son sujet envers lequel il n’aurait aucun respect. C’est mal connaître Russel, mélomane averti, qui préfère grossir le trait jusqu’à l’excès pour traduire les sentiments, plutôt que rentrer dans le rang d’un réalisme convenu. « The Music Lovers » passe constamment d’une reconstitution historique au cordeau, a des scènes explosives, comme la fête pyrotechnique, la canonnade dont Tchaïkovski est la cible - métaphore des persécutions dont il se dit victime -, la violence du malaise que subit Nina (Glenda Jackson), à laquelle se refuse le musicien dans un compartiment de train, ses crises d’hystérie à l’asile…

Tourbillonnant, fiévreux, voire violent ; esthétique sans être esthétisant, mais à la mise en scène affirmée et revendiquée, « The Music Lovers » supporte bien ses 42 ans d’âge, tout en reflétant un style très ancré dans les années 70. Ken Russell en reste un des cinéastes les plus caractéristiques, des plus stylés, au parti pris fort et assumé, unique dans la galaxie cinéma.

"Music Lovers - la symphonie pathétique", 1970 - - 2h03 
De Ken Russell, avec Glenda Jackson, Richard Chamberlain, Christopher Gable
Ed. : BelAir Classiques

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