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"Titanic, la véritable histoire" par un as du docu-fiction

Maitre du docu-fiction, le réalisateur Richard Dale, ne pouvait pas passer à côté du centenaire du naufrage du Titanic. France 2 diffuse mardi 10 avril son « Titanic, la véritable histoire », un inédit captivant et didactique. La chaine publique rediffusera par ailleurs dimanche prochain ( le 15 avril à 20h45) le très romanesque « Titanic » de James Cameron, le long métrage aux 11 oscars.
Article rédigé par franceinfo - Sophie Jouve
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
"Titanic, la véritable histoire" ce soir sur France 2
 (FranceTV)

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Après un "11 septembre : dans les tours jumelles", un "D-Day" sur le débarquement du 6 juin 44, le britannique construit son récit sur la base des témoignages des survivants devant les commissions d’enquêtes américaines. Des acteurs nous font partager les sentiments des passagers et membres d’équipage. « J’étais persuadée que le Titanic était insubmersible » témoigne Elisabeth Dowdell, nourrice chargée d’accompagner la petite fille d’une célèbre chanteuse d’opéra. On frémit d’apprendre que les premiers canots, insuffisant pour le nombre de passagers, furent chargés au milieu de plaisanteries de la foule et certaines femmes refusèrent d’y monter, se sentant plus en sécurité à bord du navire.

Pas de révélations, contrairement au titre ambigüe « Titanic : la véritable histoire », auquel on préfère celui de la version anglaise « Dans les entrailles du Titanic », mais un nouvel éclairage poignant sur l’héroïsme des mécaniciens et chef de chauffe qui ont tout tenté pour contenir l’inondation et empêcher le géant des mers de sombrer. L’utilisation, très habile, de maquettes en 3D, permet de mieux saisir les forces et les faiblesses du géant des mers : défauts de structures (le navire n’est que partiellement divisé en compartiments étanches), cynisme des armateurs obsédées par le profit et le record de vitesse alors que les iceberg sont nombreux au sud de Terre neuve en cet hiver 1912 particulièrement doux.

Quelques mois après le naufrage du « Costa Concordia », on regardera ce "Titanic, la véritable histoire", sans risquer une seconde, de sombrer dans le sommeil.


"Titanic, la véritable histoire" 20h50 sur France 2. 95 mn. Inédit.

4 questions à Richard Dale, réalisateur de "Titanic, la véritable histoire"

Après de nombreux films sur les grands conflits mondiaux, pourquoi vous intéresser au naufrage du Titanic ?
La psychologie humaine est universellement attachée aux dates anniversaires. C’est l’occasion de réexaminer un fait marquant de notre histoire. Je savais qu’il s’était écoulé presque un siècle depuis le naufrage du Titanic. Ce symbole du triomphe de l’homme sur la nature, anéanti lors de son voyage inaugural, avec à son bord les plus riches et orgueilleux humains, me fascine. En cherchant à me documenter, j’ai trouvé un livre reprenant les témoignages recueillis lors des deux commissions d’enquêtes, celle de Londres et de New York. Ils m’ont énormément ému et rappelé clairement qu’il ne s’agissait pas seulement d’un fait historique figé mais que des hommes et des femmes comme vous et moi avaient été réellement coincés dans ce désastre. Je souhaitais explorer la vérité derrière le mythe. Tenter de comprendre les décisions que les gens prennent lors de situations désespérées. Lorsqu’on est piégé dans un tel événement, on ne sait pas comment il va se terminer, on ne sait pas qu’on est en train de vivre quelque chose d’historique. Je reste d’ailleurs étonné par le nombre de passagers qui étaient persuadés que le Titanic ne coulerait pas et qui trouvaient trop dangereux de quitter le navire pour monter dans un canot.
 

Votre film apporte-t-il des éléments nouveaux ?
En prenant le point de vue de l’eau et en montrant la manière dont elle s’est emparée du bateau, comme un monstre, on découvre de nombreux éléments inédits. Je n’avais jamais entendu parler du fait que parfois l’eau avait surgi des ponts supérieurs et était descendue par les escaliers ou qu’elle s’était frayée un chemin entre les planchers. Je ne savais pas qu’il aurait suffi que la chaufferie 5 reste sèche pour éviter le pire ; ni qu’il n’y avait aucun moyen efficace d’information aux passagers, ni que l’eau glacée avait rendu les rivets cassants comme du verre. Le bateau n’a pas coulé comme dans le film de James Cameron avec la poupe à la verticale, sauf dans les tous derniers instants. L’eau une fois à bord a rendu le paquebot lourd et instable de manière totalement imprévue, comme s’il avait été chargé d’une cargaison supplémentaire de 20 000 tonnes, et bien d’autres choses à découvrir dans le film…


Sur quoi vous êtes vous fondé pour construire le scénario ?
Sur plusieurs sources. D’excellents experts techniques et historiques, qui avaient également travaillé avec James Cameron, ont vérifié nos travaux. J’ai étudié la dispersion de l’eau avec un expert en mouvements des fluides. Mais nous avons uniquement utilisé les témoignages, les documents scientifiques et historiques que nous pouvions relier, recouper et assembler entre eux. Il nous a été possible ainsi de reconstituer grâce à ces différents éléments l’endroit où se trouvait telle ou telle personne à chaque moment clé de la catastrophe. Nous les avons choisies en fonction de l’intérêt que présentait leur localisation sur le navire. Les allers-retours entre les images des comédiens et celles des plans en 3D nous apprennent énormément sur la manière dont l’eau a progressé et mettent en évidence le gigantisme du bâtiment. Ainsi, Fred Barrett, chef de chaufferie, est devenu naturellement notre narrateur car il se trouve au centre névralgique.


Les témoignages provenaient-ils seulement des enquêtes ?
Non. A l’époque, l’attitude des gens à l’égard des autorités était bien différente. De nombreux jeunes membres de l’équipage ont répété ce que le capitaine souhaitait qu’ils disent. Et, je ne pense pas qu’on ait même pensé à inviter les passagers de troisième classe à témoigner. Donc nous avons aussi utilisé des autobiographies ou de nombreuses interviews données, même des années plus tard, aux magazines, comme celle de la baby-sitter, Elizabeth Dowdell.
Quels moyens avez-vous utilisés pour rendre tout cela si réel ?
Nous avons filmé dans un très grand studio, à Riga en Lettonie, dans lequel se trouve un immense bassin où nous avons construit notre décor. Cela nous a permis de le remplir progressivement d’eau. C’était un tournage très technique et très éprouvant pour les comédiens car ils devaient évoluer dans le froid et l’eau et dans des costumes parfois très lourds, notamment ceux des femmes. On peut recréer l’eau par ordinateur mais je ne trouve pas le résultat concluant pour les scènes avec des personnages. En revanche nous avons utilisé les effets spéciaux pour les plans larges du Titanic en mer.


Propos recueillis par Diane Ermel

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