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"Remember" : Atom Egoyan face à la mémoire floue de la Shoah
Le réalisateur canadien Atom Egoyan clive : on aime ou on n’aime pas. Mais d’une façon moins tranchée, il serait plutôt capable du pire ("Captive") et du meilleur ("De Beaux lendemains"). "Remember" demeure entre deux eaux, avec une distribution de grande classe, sur un sujet délicat : la mémoire de l’holocauste.
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Solution finale
"Remember" (souviens-toi) est comme une métaphore de la fragilité du devoir de mémoire. Atom Egoyan touche au but à travers l’histoire d’un rescapé de la Shoah, avec un étonnant coup de théâtre final, savamment amené, qui donne tout son sens au film. S’il transcrit un drame, il flirte avec le thriller. Plus d’un se demandera si l’holocauste se prête à un tel exercice. Mais "Running man" ne tirait-il pas déjà sur des cordes semblables ?Le film excelle dans l’écriture du scénario, signé Benjamin August, et la mise en scène d'Atom Egoyan. Toutes deux convergent vers un final innattendu. Quant aux acteurs, il est rare de voir tant de talents rassemblés : Christopher Plummer, Martin Landau, Bruno Ganz, et le trop discret Jürgen Prochnow.
Il n’est pas facile de parler de "Remember" sans trop en dévoiler, car il faut préserver la montée en puissance du récit jusqu’à son climax. Zev (Christopher Plummer) doit retrouver un ancien nazi en faction à Auschwitz durant la seconde guerre mondiale. Mais quatre personnes au nom semblable sont susceptibles d’être la cible. Les uns après les autre, ils vont être passés au crible de l'enquête, chacun d’entre eux étant de plus en plus identifié à la solution finale…
L’Histoire en équation
Il émane de la progression du voyage de Zev un suspense efficace. Parti d’un simple vieillard en fin de vie à la mémoire défaillante, "Remember" aboutit à un choc. Plus encore, à une réflexion universelle sur la fidélité de l’Histoire aux événements dont elle rend compte. Avec comme dénominateur commun la mémoire sélective et interprétative des témoins. De plus, leur disparition progressive délègue les souvenirs à la subjectivité des historiens.C’est tout le sujet du film qui éclate en sa toute fin. Une pensée abstraite qu’Atom Egoyan traduit par son film enlevé et intriguant de bout en bout. Il ne perd jamais l’attention du spectateur, malgré l’invraisemblance de son histoire. Mais elle n’est là que pour faire passer un propos plus ample. Certains reprocheront la lourdeur de plus d'une scène, mais la prestance des interprètes fait passer plus d’une couleuvre... si l’on se laisse prendre.
La fiche film : Drame de Atom Egoyan (Canada) - Avec : Christopher Plummer, Martin Landau, Bruno Ganz, Jurgen Prochnow - Durée : 1h35 - Sortie : 23 mars 2016
Synopsis : Un vieil homme, survivant de l'Holocauste, parcourt les États-Unis pour se venger d'un passé qu'il ne cesse d'oublier.
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