Rencontre avec Rémy Julienne, l'homme aux mille cascades
Rémy Julienne, le cascadeur aux mille films évoque avec une équipe de France 3 Orléans cette vie qui l'a menée sur les plus grands tournages de cinéma.
Champion de France de moto-cross en 1957, il débute sa carrière de cascadeur dans le film "Fantômas" d'André Hunebelle en 1964 : "il avait besoin d'un lascar plus ou moins habile en moto pour doubler Jean Marais, derrière moi c'est un mannequin qui imite le physique de Louis de Funès".
Reportage : Flavien Texier /Pierre do Lepais et Céline Girard
Rémy Julienne poursuit sa carrière avec le cinéma populaire. En 1966, Gérard Oury fait appel à lui pour son célèbre film "La Grande Vadrouille". Aux côtés de De Funès et Bourvil, Rémy Julienne interprète un soldat allemand à moto qui finira dans le ravin Lautner : la bande en cascade
En cinquante ans Rémy Julienne a côtoyé les plus grands comédiens et réalisateurs français. François Truffaut, Philippe De Broca, Yves Boisset et surtout Georges Lautner avec qui il tourne une quinzaine de films. Une aventure faite de cascades et de respect mutuel. Sur le tournage de "Pas de Problème" en 1975 à Montargis, Georges Lautner écrivait à Rémy Julienne "Toi tu représentais la sécurité. On disait aux gens de reculer mais eux ils disaient : Mais non c'est Remy, il n'y aucun risque !".
Cet esprit de groupe permettait de défier la peur et le danger sur les plateaux de tournages. "C'était la bande et la famille, humainement parlant c'était le meilleur". Un tremplin vers l'international
Dans les années 70, le métier de cascadeur n'est pas vraiment réglementé. "C'était un peu l'anarchie à l'époque et il y avait beaucoup de casse-cous. Dans le cinéma il y quand même des normes et il faut être précis, pour pouvoir recommencer" raconte Rémy Julienne. Cette extrême rigueur est rapidement repérée par les réalisateurs du monde entier. En 1969, le britannique Peter Collison le contacte pour tourner "L'or se barre". Ce film constitue un véritable tremplin pour le cascadeur. La scène des Mini Cooper est à cet effet mémorable dans le monde de la cascade. "Faire sauter des Mini Austin entre des toits d'usines était un défi. Peu de gens y croyaient. C'est là le vrai tournant de ma carrière…". Suivront ensuite de nombreuses collaborations avec la série des James Bond. Le mental : la première cascade
Si l'adrénaline et le physique portent les professionnels de la cascade, il s'agit aussi de travailler la concentration. Rémy Julienne le reconnait, le travail de cascadeur est un métier de longue haleine qui ne se fait pas à la légère. Et même si sur les plateaux de tournage, la bonne humeur est de mise au moment de tourner une scène, il n'y a de place que pour le sérieux et la concentration. Il revient sur cette notion : "Quand on est cascadeur il n'y a pas que l'action physique, le mental compte beaucoup". La cascade du cerveau : Alzheimer
Aujourd'hui, Rémy Julienne continue de participer à des tournages en tant que conseiller ou auprès de la justice pour les reconstitutions. Autre combat la maladie et la vieillesse. Sa participation à un spot de sensibilisation sur la maladie d'Alzheimer évoque la perte des souvenirs, même les plus beaux et les plus forts. "Ca me concerne aussi parce que je suis dans la zone où je peux être pris", confie le grand champion.
Un prix Rémy-Julienne est remis chaque année depuis 1999 lors du Festival du film d'aventures de Valenciennes à "un comédien capable d’aborder avec le même talent des rôles physiques et des personnages intimistes dans des films d’auteur".
Rémy Julienne raconte toutes ces anecdotes et ces rencontres dans un livre publié en 2009 : "Ma Vie en Cascades", préfacé par Georges Lautner et Claude Pinoteau.
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