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Reportage "Je suis bipolaire, prenez-moi comme je suis" : à bord de l’Adamant, une péniche qui accueille un hôpital psychiatrique

Cette péniche, hôpital de jour depuis douze ans, fait l'objet d'un documentaire de Nicolas Philibert, "Sur l'Adamant", en salles mercredi et auréolé de l'Ours d'or au festival de Berlin.
Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L’Adamant, une péniche qui accueille un hôpital psychiatrique, dans le 12e arrondissement de Paris, le 17 aout 2022. (THIERRY GRUN / ONLY FRANCE)

"Je viens cet après-midi pour être avec les amis, au bar. Jeudi, il y a un groupe de parole, c'est vraiment super. C'est plus intime, plus psychologique, on échange, on parle, on se livre un peu, c'est chouette". Zodoit est patiente depuis deux ans et demi sur l'Adamant, une péniche hôpital de jour qui accueille, dans le 12e arrondissement de Paris, des patients atteints de troubles psychiques. Un documentaire de Nicolas Philibert (réalisateur du film Être et avoir), lui est consacré. Récompensé en février 2023 par l'Ours d'or au festival de Berlin, Sur l'Adamant sort mercredi 19 avril dans les salles de cinéma.

>> "C'est magnifique pour moi, pour le documentaire et pour la psychiatrie", réagit Nicolas Philibert, sacré par l'Ours d'or à la Berlinale

Zodoit nous sert de guide et montre les ateliers, la cuisine et la salle de musique de cette péniche hors du commun. "Le piano est là, il y a des personnes qui viennent se poser, jouer, chanter. Il y a plein de livres, il y a toute une bibliothèque à l'intérieur avec des CDs, des DVDs qu'on peut louer !".

Soignants et patients ont vu le film ensemble

Nous visitons ensuite les bureaux ouverts à tous les soignants et patients qui peuvent utiliser indifféremment tables, chaises et ordinateurs. "Je suis l'oiseau dont on déchire les ailes pour se les ajuster, chante Frédéric, qui cherche l’inspiration dans une chanson de Lucid Beausonge. J'ai squatté le bureau de quelqu'un. Si mon imagination travaille, j'essaie de surtout pas l'interrompre. Elle travaille toute seule, je dois simplement faire attention de ne pas la déranger quand elle travaille, pour qu'elle puisse s'exprimer en toute liberté", ajoute le patient mélomane.

Les soignants et patients sont allés voir ensemble le film dans une salle parisienne. Mamadi s'est donc découvert dans une scène où il se photographie avec le psychiatre qui le suit. "Au début, j'étais un peu indifférent à la sortie du film, mais après, j'ai trouvé ça intéressant, après le retour de mes pairs, qui me disaient que c'était une belle scène et donc j'ai appris à l'accepter et à me dire que ce n'était pas si mal, admet Mamadi. En fait, voilà, je suis bipolaire et prenez-moi comme je suis."

"Pendant très longtemps, j'ai eu honte de mon handicap parce que je ne voulais pas que ça se sache. C'est comme si j'avais fait un coming-out !"

Mamadi, patient de l'Adamant

à franceinfo

À la création de l'Adamant, l'Agence de santé avait émis des réserves, craignant qu'un bateau amarré sur la Seine n'incite certains patients au suicide. Douze ans après, aucun d'entre eux n'a franchi la balustrade.

A bord de l’Adamant, une péniche qui accueille un hôpital psychiatrique, au cœur d'un documentaire - Reportage d'Alain Gastal

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