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Robert Guédiguian président de la Cinémathèque de Toulouse: "Une mission morale"

Le réalisateur et producteur marseillais Robert Guédiguian , 62 ans, élu président de la Cinémathèque de Toulouse, la seconde de France après Paris, a expliqué à l'AFP comment il considère cette nouvelle mission comme une "obligation morale" pour "transmettre" aux générations futures.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Robert Guédiguian à Cannes (20 mai 2015)
 (Anne-Christine Poujoulat / AFP)

La Cinémathèque de Toulouse a annoncé lundi l'élection par son conseil d'administration de Robert Guédiguian à la présidence de l'institution pour un mandat de trois ans. 

En quoi prendre la tête de la cinémathèque de Toulouse constitue-t-il  une étape majeure dans votre carrière ?

"Pour moi, c'est un honneur d'avoir été d'abord proposé, coopté par la présidente sortante Martine Offroy, puis élu à l'unanimité. Mais en plus d'un honneur, c'est une mission, une obligation. A l'âge que j'ai aujourd'hui, il faut que je me préoccupe de laisser le cinéma dans le même état que je l'ai  trouvé. Je crois qu'il faut veiller à ce que les générations qui arrivent puissent avoir la même qualité de formation que nous, la même quantité de  films, la même diversité de genres, de formes, qu'ils puissent à leur tour faire de nouveaux films et continuer cette chaîne ininterrompue. Il est temps,  il faut transmettre, c'est une obligation morale. La cinémathèque a toujours une main en avant, une main en arrière : elle se préoccupe beaucoup de conserver, mais pas conserver pour conserver, conserver pour montrer. Il y a cette espèce de dialectique entre le passé et l'avenir qui est pour moi le  coeur d'une cinémathèque."
 
Quels seront vos plus gros défis ?

"Il faut que la cinémathèque s'agrandisse. Toutes les tutelles ont  beaucoup accompagné cette cinémathèque mais la capacité d'accueil de nouveaux  films est quasiment impossible aujourd'hui. Les lieux de conservation à Balma sont remplis à ras bord (plus de 50.000 films, ndlr). Et la capacité d'accueil en termes de public est un peu réduite : 85.000 entrées l'an dernier, il faudrait  qu'elle en accueille plus. Il faut vraiment envisager des chantiers, trouver les moyens."

L'esprit militant de la cinémathèque de Toulouse, la seconde de France, correspond à votre propre identité ?

"Dans mon identité, oui. Mais les cinémathèques par définition  considèrent que tous les films sont égaux. L'idée, c'est que chaque film, aussi mauvais soit-il, recèle une part de vérité de l'époque à laquelle il a été  produit. (...) Toulouse, c'est aussi la plus grande collection d'affiches de France (près de 80.000, ndlr) plus grande que Paris. Hier, j'ai ouvert un casier et je suis tombé sur l'affiche d'un film de série B de Franck Dubosc (...). Notre mission est de tout conserver.
 
La cinémathèque de Toulouse est à l'image de ce qu'est Toulouse, une ville  qui a accueilli énormément de républicains espagnols, ces choses-là comptent.  (...) Tous les pays ont des cinémathèques, pour moi la cinémathèque de Toulouse est un maillon de la chaîne, à vocation internationale (...). Une cinémathèque,  c'est un lieu, un service qui n'est pas au service directement d'une quelconque  théorie ou idéologie, c'est un lieu libre et indépendant, où tout est montré et tout doit être montré. (...)
 
Les Marseillais sont fâchés que je sois à Toulouse mais ils n'avaient qu'à avoir une cinémathèque (rires). Toulouse c'est une grande ville du sud, où je me sens bien. C'est la ville où mes films ont le plus de succès depuis toujours, relativement au nombre d'habitants. Je devais bien ça au public  toulousain."

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