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Salman Rushdie dévoile ses rêves de grand écran

Trente ans après la publication du roman "Les enfants de minuit", qui a fait de lui un écrivain mondialement célèbre, le Britannique Salman Rushdie voit dans l'adaptation au cinéma de son livre une façon de "boucler la boucle" après des années noires passées à se cacher d'une fatwa iranienne. Et il en redemande.
Article rédigé par franceinfo - Annie Yanbékian (avec AFP)
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Salman Rushdie à Los Angeles le 19 avril 2013
 (Joe Klamar)

"Les enfants de minuit" fait désormais l'objet d'un film réalisé par le cinéaste indien Deepa Mehta. C'est à Los Angeles, en début de semaine, que l'écrivain britannique a évoqué ce long métrage déjà sorti dans plusieurs pays, avant sa sortie nord-américaine le 26 avril. Le film doit également sortir en France, mais la date n'est pas encore connue.

Rushdie, scénariste et narrateur
L'idée d'adapter le célèbre roman publié en 1981 est venue de façon "complètement spontanée" du réalisateur indien Deepa Mehta, a expliqué -cité par l'AFP- Salman Rushdie, partie prenante dans ce projet : il a écrit le scénario et fait office de narrateur. Le long métrage, qui dure 2h30, raconte l'histoire de deux garçons nés à minuit le 15 août 1947, jour de l'indépendance de l'Inde, et échangés à la maternité. Le roman de Rushdie dont il est adapté avait remporté le prestigieux Booker Prize et lancé la carrière de l'écrivain, sept ans avant la fameuse condamnation à mort décrétée par l'Iran après la publication des "Versets sataniques". Salman Rushdie a même envisagé un moment de jouer un rôle. "Mais à l'heure de tourner le film, je me suis dit que ça détournait l'attention et que ça ferait artificiel", précise l'auteur, qui avait joué son propre rôle dans "Le journal de Bridget Jones" en 2001.

A Los Angeles, Salman Rushdie a révélé son admiration pour Quentin Tarantino, capable de jouer des petits rôles, "mais c'est un acteur expérimenté, c'est différent", a-t-il nuancé, en ajoutant qu'il s'était inspiré du cinéaste américain pour écrire une scène de torture de son roman. "J'ai longtemps eu du mal à écrire cette scène, jusqu'à ce que je réalise qu'il fallait presque l'écrire comme une comédie. C'est là que j'ai pensé à Tarantino, à 'Reservoir Dogs', avec son humour noir."

L'un des plus importants lieux de tournage des "Enfants de minuit" a été pour l'auteur son Inde natale, notamment Bombay, la ville où il est né le 19 juin 1947. "C'était extraordinaire de montrer le film à un public dont c'est aussi l'histoire. C'était très émouvant pour moi. C'était comme boucler la boucle, ramener le film à Bombay, la ville où le roman est né."

Rushdie continue de susciter des débordements
Si l'Iran a officiellement levé sa fatwa en 1998, tout risque est loin d'être écarté. En 2005, le successeur de Khomeyni a déclaré que Rushdie était un apostat pouvant être tué impunément. Et en 2007, le gouvernement du conservateur Mahmoud Ahmadinejad a décrété la fatwa "toujours valide". Mais l'auteur des "Versets sataniques", sorti de la clandestinité depuis des années, n'en déclare pas moins qu'il apprécie sa vie actuelle. Il fait encore l'objet de manifestations, comme lors d'un récent voyage en Inde. Fin janvier, Il a dû renoncer à un voyage promotionnel à Calcutta en raison de manifestations contre sa venue. "Evidemment, c'était très énervant", a-t-il confié. "C'est pourquoi, quand d'occasionnels dérapages me replongent dans le passé (...) cela me prend vraiment par surprise. Car je ne m'y attends plus. La vie est plutôt agréable, maintenant."

Il rêve de voir son autobiographie adaptée au grand écran
Dans une autobiographie publiée en 2012, "Joseph Anton" (son pseudo pour fuir ses assassins), Salman Rushdie a raconté toutes les années passées à se cacher. Il espèrerait le voir adapté prochainement à l'écran et se "montre "optimiste", vu que ce livre intéresse actuellement une société de production britannique. Mais pour l'instant, rien n'a été signé.

Par ailleurs, Salman Rushdie a écrit une série télévisée pour la chaîne payante américaine Showtime, "Next People", et aimerait bien voir portés au cinéma ses livres pour enfants "Haroun et la mer des Histoires" et "Luka et le feu de la vie".

Peu de chance, en revanche, de voir un jour "Les Versets sataniques" dans les salles obscures. "Je dois dire que personne ne se bouscule pour acheter les droits, donc je n'y crois guère", dit-il. Le livre "Les versets sataniques" est toujours interdit en Inde.

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