"Satoshi" : film déchirant et lumineux de Jumpei Matsumoto sur le combat d’un sourd et aveugle et de sa mère résiliente

Le cinéaste japonais Jumpei Matsumoto revient sur l’incroyable parcours de Satoshi Fukushima qui, soutenu par une mère-courage, est devenu la première personne sourde-aveugle au monde à devenir professeur d'université. Déchirant.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Scène du film "Satoshi" de Jumpei Matsumoto. (WAYNA PITCH)

Le titre originel et poétique Sakura iro no Kaze ga Saku (La brise des fleurs de cerisier s’épanouit) rend peut-être plus hommage au travail de Jumpei Matsumoto que celui plus sobre en français Satoshi, nom du personnage central, Satoshi Fukushima, qui a inspiré ce long-métrage de presque deux heures. En japonais, cela signifie "Le vent et l'odeur des fleurs peuvent être ressentis sans dépendre de la vue ou de l'ouïe". La première demi-heure est une plongée en apnée dans un océan de souffrance. Rares sont les moments de respiration. L’histoire est vraie, c’est celle de Satoshi Fukushima. Il perd à 3 ans son œil droit et devient complètement aveugle à 9 ans.

"Il n’y a personne au monde pour me réparer ?"

La caméra subjective de Jumpei Matsumoto est impressionnante de pudeur et finesse. Elle suit la mère et le fils dans leur combat, dans leurs découragements et doutes, mais aussi dans les moments de joie. La lumière se fait obscure ou au contraire éclatante. Des moments d’accablements, de rupture, la mère, interprétée avec tact et subtilité par Koyuki, en a connu beaucoup. Le petit Satoshi aussi a été de nombreuses fois tout près de tout abandonner. Avant de donner sens à ses souffrances. Alors mère et fils se soutiennent. "J’ai des oreilles, je m’en sortirai", assure-t-il à sa mère, inquiète pour son avenir. Sauf que sa vie bascule une seconde fois à 18 ans lorsqu’il perd totalement l’ouïe. Satoshi est l’histoire d’une relation fusionnelle d’une mère et de son fils qui décident de faire face ensemble à l’adversité.

Taketo Tanaka, l’étoile montante du cinéma japonais, incarne à la perfection son personnage, jusqu’à sa gestuelle. Il est ce garçon aveugle et sourd qui rêve de normalité et qui se rebelle contre le destin. Il ne décolère pas contre le sort qui s’acharne sur lui. Il a l’impression que ses efforts ne suffiront jamais. "Dieu ne te donnera pas plus que ce que tu peux supporter. Je le déteste". Pourtant, Satoshi a appris jeune à surmonter ses douleurs. "Il reçoit des injections tous les jours, pourtant il continue de faire des blagues", témoigne sa mère.

Scène du film "Satoshi" de Jumpei Matsumoto. (WAYNA PITCH)

Jumpei Matsumoto ne cherche à aucun moment à convoquer les glandes lacrymales. Loin du pathos, Satoshi est une belle leçon de résilience. Le cinéaste japonais, servi par des acteurs exceptionnels, livre un film d’une extrême sensibilité et d’un tact inouï. Déchirant.

La fiche

Genre : Drame

Réalisation : Jumpei Matsumoto

Langues : japonais sous-titré en français

Distribution : Taketo Tanaka, Koyuki, Lily Franky

Durée : 1h53

Synopsis : Satoshi est aveugle depuis ses 9 ans. Sa vie bascule une seconde fois à 18 ans, lorsqu'il perd l'audition. Accompagné par sa mère, Satoshi va réapprendre à vivre et s’évertuer à découvrir un nouveau sens à sa vie. Une superbe leçon de résilience basée sur une histoire vraie.

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