Sex-symbol, chihuahuas et gants de boxe, l'énième come-back de Mickey Rourke
L'acteur américain Mickey Rourke remonte sur le ring vendredi, à Moscou, pour relancer sa carrière de boxeur. Un retour de plus dans une vie mouvementée.
Perché sur la balance, torse bombé, Mickey Rourke distribue des coups de menton à l'assistance. A ses côtés, Manny Pacquiao le fixe, incrédule. Les deux hommes ont beau partager le même entraîneur, le boxeur philippin semble avoir du mal à y croire. Pourtant, à 62 ans, l'acteur américain est bien de retour sur le ring, dix-huit ans après son dernier combat. Il affronte, vendredi 28 novembre à Moscou (Russie), Elliot Seymour, un professionnel américain de 29 ans.
Ce n'est pas la première fois que Mickey Rourke tente un come-back. En fait, l'acteur est passé maître dans l'art de grimper au sommet, de chuter lourdement, puis de revenir. Le sommet d'abord. Sa carrière décolle au début des années 1980. Le gamin de Miami, où il a grandi, crève l'écran dans Body Heat (1981), Diner (1982) ou encore Rusty James (1983). On le compare à Marlon Brando. Il devient un sex-symbol avec Neuf semaines et demi, sorti en 1986. "Mickey était juste incroyablement sexy", confie sa partenaire dans le film, Kim Basinger, à GQ (en anglais).
"Travailler avec Mickey est un cauchemar"
Même Bob Dylan est conquis. "Il pouvait vous briser le cœur avec un regard, écrit le chanteur dans ses mémoires Chroniques. Volume 1 après avoir vu Homeboy (1988). Le film décrochait la lune à chaque fois qu'il apparaissait à l'écran. Personne ne lui arrivait à la cheville. Il était juste là, il n'avait pas besoin de dire 'bonjour' ou 'au revoir'."
La fin des années 1980 marque pourtant le début des ennuis de Mickey Rourke. L'acteur se taille une réputation de mec ingérable, capable de débarquer sur un plateau de tournage escorté par les Hell's Angels, un groupe de bikers violents. "Travailler avec Mickey est un cauchemar. Il est très dangereux sur un plateau parce que vous ne savez jamais ce qu'il va faire", témoigne Alan Parker, réalisateur de Angel Heart (1987), cité par Vulture (en anglais).
"Tarantino m'a appelé. Je n'ai même pas lu le scénario"
L'acteur enchaîne les mauvais choix. La liste des films qu'il a refusé de faire est éloquente : Platoon (1986), Rain Man (1988), Pulp Fiction (1994). "Une fois, Quentin Tarantino m'a appelé. Je crois que c'était pour le rôle de Bruce Willis dans Pulp Fiction. Je n'ai même pas lu le scénario", raconte-t-il au Dailymail (en anglais). A la place, Rourke apparaît dans des films de piètre qualité, comme L'Orchidée sauvage, "un nanar érotique" selon L'Express.
C'est sur le tournage de ce film qu'il rencontre sa deuxième femme, Carré Otis. Son histoire tumultueuse avec ce mannequin accro à l'héroïne se termine mal. En 1994, Mickey Rourke est arrêté pour l'avoir agressée (la jeune femme retirera finalement sa plainte). "Nous étions incroyablement bien ensemble, se souvient l'acteur dans GQ. Mais nous étions aussi incroyablement destructeurs." "J’avais tout et j’ai tout foiré, c’était un désastre total", confiera-t-il à Thierry Ardisson quelques années plus tard. A la presse, il justifie régulièrement ses problèmes de l'époque par les coups que lui portait son beau-père (qui dément en 2008 dans le New York Times Magazine).
"Ma chienne Loki est l'amour de ma vie"
A la même période, Mickey Rourke quitte Los Angeles pour Miami, les plateaux pour les rings de boxe. Il veut renouer avec le sport de sa jeunesse. "Je me battais contre des mecs qui avaient quinze ans de moins que moi. Mais j'ai gagné dix combats sur douze", assure-t-il en 2008 au New York Times Magazine. Les archives du Miami Herald, citées par le magazine américain, sont moins catégoriques. "Le dernier combat de Rourke n'était rien d'autre qu'une blague", "Mickey Rourke joue-t-il comme un boxeur ou boxe-t-il comme un acteur ?", titrait le quotidien local.
Pour Mickey Rourke, les années 1990 ne sont qu'un long tunnel d'échecs et de solitude. L'acteur détruit méthodiquement son visage à chaque combat ou opération de chirurgie esthétique. "La majorité des opérations visait à réparer les dégâts causés par la boxe, mais je suis allé voir le mauvais mec pour remettre mon visage en place", explique-t-il pudiquement au Dailymail. Il vit seul dans un studio, entouré d'une douzaine de chihuahuas, sa nouvelle passion. Sa chienne préférée, Loki, "est l'amour de [sa] vie", confie-t-il au journaliste du New York Times Magazine qu'il reçoit dans une pièce entièrement dédiée à ses animaux. Un portrait du père de sa chienne préférée, qu'il a tenté de réanimer en lui faisant du bouche-à-bouche, trône au-dessus de la cheminée.
"Le chemin du retour a été très long"
Au fond du trou, l'acteur, qui joue toujours dans quelques navets, va progressivement remonter à la surface dans le courant des années 2000. En 2005, il incarne Marv, la brute cabossée de Sin City. Darren Aronofsky, le réalisateur de Requiem for a Dream, va le chercher pour incarner le rôle principal de The Wrestler (2008), l'histoire d'une star déchue du catch qui tente de se refaire. "Quand un acteur comme Mickey disparaît puis revient sur les écrans, il y a une fraîcheur en eux que n'ont pas les vieux acteurs qui ont toujours travaillé", explique le réalisateur au New York Times Magazine.
Le rôle lui vaut en 2009 le Golden Globe et le Bafta (équivalent britannique des Oscars) du meilleur acteur. Il décroche même une nomination aux Oscars. "Le chemin du retour a été très long, lâche Mickey Rourke en recevant son Golden Globe. Je voudrais remercier mes chiens. Parce que parfois, quand un homme est seul, ils sont tout ce qu'il lui reste." Sa carrière est relancée. Il est à l'affiche de superproductions comme Iron Man 2, Expendables ou le deuxième volet de Sin City.
Après son retour sur les plateaux, l'acteur cherche à revenir sur le ring. "La boxe est une part importante de ma vie. Cela m'a appris le respect et la détermination, la patience et la concentration", explique-t-il, cité par les promoteurs. En renfilant les gants, Mickey Rourke espère sans doute aussi renouer avec sa légende. "J'ai toujours pensé que s'il était mort après Angel Heart, il aurait été une légende du niveau de James Dean, raconte à GQ Adrian Lyne, le réalisateur de Neuf semaines et demi. Peut-être qu'il le sera quand même un jour."
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