Son travail de composition, sa légitimité d'actrice, ses vertiges avant le tournage : Pomme raconte ses débuts au cinéma dans "La Vénus d'argent"

La chanteuse de 27 ans joue son premier rôle devant une caméra dans "La vénus d'argent", et livre une performance remarquée. franceinfo l'a rencontrée.
Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Claire Pommet (Pomme) dans "La vénus d'argent" (PYRAMIDE FILMS)

Dans La vénus d'argent de Héléna Klotz, Claire Pommet alias Pomme incarne Jeanne Francoeur, une jeune femme de milieu modeste, fille d'un CRS, qui vit dans une caserne en région parisienne. Et qui rêve de faire carrière un peu plus loin, dans le milieu de la banque d'affaires, et dans ces tours de La Défense qu'elle aperçoit de chez elle. Mélange d'intériorité et d'intensité, composant un personnage à la fois surdoué et asocial, Claire Pommet se distingue par une prestation assez convaincante.

Si pour le moment elle n'a pas d'autres projets au cinéma, son nouvel album-concept Saisons arrivera le 1er décembre. Rencontre avec une jeune femme (27 ans) très occupée.

franceinfo : Vous avez été flattée qu'on pense à vous pour un premier rôle ?

Claire Pommet : Je sais qu'Héléna a rencontré au moins une autre comédienne, mais je sais qu'elle a pensé à moi avec cette lettre que Mediapart avait publiée en 2021 (sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la musique, NDLR) qui l'avait marquée. C'est ensuite une rencontre qu'on a eue toutes les deux qui a confirmé son intention, mais elle n'avait pas du tout écrit le rôle en pensant à moi. Je n'étais pas du tout en terrain conquis, mais j'ai aimé construire cette relation, et qu'elle ait pu me faire confiance et projeter ce personnage sur moi. Et j'ai évidemment apprécié le scénario et les thématiques abordées.

Vous aviez le trac, sachant que vous aviez déjà fait un peu de théâtre ? 

C'était quand même assez nouveau pour moi, parce que mon année de théâtre était quand j'avais huit ans donc c'était déjà loin. Mais j'étais habituée aux caméras avec les clips et autres émissions de télé, pour la promotion de ma musique. Donc j'ai accepté tout de suite, mais pendant la préparation j'ai eu des grands vertiges.

"Je me disais 'mais pourquoi j'ai fait ça, je ne m'en sens pas capable' . Mais cette phase, qui a été longue et fastidieuse, a fait que le tournage est arrivé comme une sorte de soulagement."

Claire Pommet, alias Pomme

à franceinfo

Ce personnage est passionnant parce que pas forcément sympathique. Vous vous êtes effacée en lui ou vous avez apporté des choses de vous ?

Au début c'était vraiment un "effacement", on a beaucoup travaillé par exemple sur ma posture et mes expressions, pour pouvoir incarner dans ce vaisseau qu'est mon corps un personnage qui n'est pas du tout moi dans la vie, donc beaucoup de composition en effet d'abord. Et sur le tournage, pour parfois aller chercher des émotions ou une vérité, j'ai mis des choses intimes qui m'étaient propres. Ce métier que je découvre permet de créer une science inexacte entre des choses personnelles et d'autres inventées de toutes pièces. 

Le public n'est parfois pas très tendre avec les artistes (souvent des femmes d'ailleurs) qui font plusieurs choses, les comédiens qui se mettent à la chanson ou l'inverse. Vous avez peur de recevoir des commentaires désagréables ?

Il y a une grosse question de légitimité, oui, premièrement parce que je n'ai pas étudié la comédie, alors qu'il y a des milliers d'aspirantes comédiennes en France qui travaillent depuis des années et n'ont pas de rôles. Comme la finance, le cinéma est une industrie avec des jeux de pouvoir, une hiérarchie et une pyramide sociale dans laquelle les gens n'ont pas tous les mêmes chances. Et clairement, moi j'ai eu cet immense privilège d'être déjà connue par ma musique, et de pouvoir faire ce "pont" en atterrissant directement avec le premier rôle dans un film comme celui-là.

"C'était terrifiant parce que je me suis dit qu'on m'attendrait au tournant."

Claire Pommet, alias Pomme

à franceinfo

C'est à double tranchant parce qu'il y a à la fois une attente peut-être plus critique, mais aussi une bienveillance de cette immense communauté de gens qui me suivent et m'apprécient en tant que musicienne. Et cette question de la légitimité, je l'ai "traitée" en travaillant le plus possible, incessamment, plusieurs heures par semaine, en ne prenant rien à la légère et en sacrifiant d'autres choses pour le tournage. 

La Vénus d'argent réalisé par Héléna Klotz, avec Claire Pommet, Niels Schneider, Sofiane Zermani, Anna Mouglalis, Grégoire Colin...en salles.

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