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"A l’ombre des filles" : Alex Lutz libère des prisonnières par le chant dans un beau film initiatique

A la fois film de genre et étude de caractères, entre conflits et initiation, une approche originale du milieu carcéral au féminin.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Hafsia Herzi, Marie Berto, Veerle Baetens, Agnès Jaoui et Alex Lutz dans "A l'ombre des filles" de d’Etienne Comar (2022). (CHARLES PAULICEVICH)

Deuxième film d’Etienne Comar après Django, sur Django Reinhardt, c’est encore de musique dont traite A l’ombre des filles qui sort mercredi 13 avril. Alex Lutz y est un professeur de chant qui créé une chorale dans une prison de femmes, et Agnès Jaoui l'une des détenues. Le scénario, signé du réalisateur, confirme sa belle plume, qui a servi des films tels que Les Saveurs du palais ou Des hommes et des dieux.

Les taulardes

Célèbre chanteur lyrique, Luc traverse une crise personnelle et dans sa carrière. Il trouve une échappée en animant un atelier de chant dans un centre de détention pour femmes. Sept d’entre elles se présentent, avec des motivations différentes et des caractères conflictuels que Luc va tenter d’apaiser et de libérer par le chant.

Les films de prison constituent un genre en soi, et les prisons de femmes son sous-genre. En 2016, Sophie Marceau incarnait par exemple La Taularde d’Audrey Estrougo. Moins nombreux sont les films faisant intervenir un regard extérieur sur un univers, par définition, hors du monde. En plongeant dans un environnement aux antipodes du sien, Luc, le professeur de chant, cherche autant à mener une mission altruiste qu’à se reconstruire lui-même.

Echappées belles

Huis-clos avec de rares extérieurs, A l’ombre des filles cite partiellement Proust (A l’ombre des jeunes filles en fleur). Etienne Comar en retire "jeune" et "en fleur" : il s’agit de filles mises "à l’ombre", en prison, pas des naïves, mais éprouvées par des traumas, des crimes, que l’on ne connaît d’ailleurs pas. Ce qui importe, c’est ce qu’il en résulte, et comment elles vont réagir à un enseignement, avec ce que cela impose de discipline, mais aussi d’échappées belles.

Alex Lutz est à sa place dans la peau de cet artiste lyrique, tenu pour très exigeant, voire craint, se pliant à un exercice qui le ramène à plus d’humilité. Il est, lui aussi, en quête de lui-même. Le panel de ses élèves est très divers, en âges et personnalités, et leur approche évite la caricature. Tous vont s’apprivoiser en se dévoilant, ou non, dans une pratique où les egos vont se fondre dans le collectif. Avec réalisme et psychologie, et des personnages bien dessinés, A l’ombre des filles évite la naïveté, en prônant l’art et sa pratique comme acte de liberté et libérateur.

L'affiche de "A l'ombre des filles" de d’Etienne Comar (2022) (AD VITAM)

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Etienne Comar
Acteurs : Alex Lutz, Agnès Jaoui, Hafsia Herzi, Veerle Baetens, Marie Berto, Fatima Berriah, Nadia Najder, Emmanuelle Bonmariage
Pays : France / Belgique
Durée : 1h46
Sortie : 13 avril 2022
Distributeur : Ad Vitam

Synopsis : Luc est un chanteur lyrique renommé. En pleine crise personnelle, il accepte d’animer un atelier de chant dans un centre de détention pour femmes. Il se trouve vite confronté aux tempéraments difficiles des détenues. Entre bonne conscience et quête personnelle, Luc va alors tenter d’offrir à ces femmes un semblant de liberté.

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