"A plein temps" : elle court, elle court la banlieue dans un film trépidant avec Laure Calamy
Laure Calamy est de tous les plans en banlieusarde parisienne, chef de rang dans un palace, prise dans une grève des transports : haletant.
Les spectateurs d’Ile-de-France ne risquent pas d’être dépaysés en allant voir A plein temps d’Eric Gravel, avec Laure Calamy qui sort mercredi 16 mars. Quais de RER bondés, métro, trottoirs parisiens en pleine grève des transports... Le film a remporté le prix du Meilleur réalisateur et celui de la Meilleure actrice à la Mostra de Venise. Le palace parisien où travaille Julie est la seule note d’exotisme, mais importante, dans un récit au cœur du réel.
Suspense du quotidien
Mère célibataire avec deux enfants, Julie fait des allers-retours quotidiens entre l’Essonne et Paris où elle travaille comme chef de rang dans un palace. Entre son équipe à gérer, la nounou et ses enfants, se greffe une grève des transports qui met en péril ses plans pour retrouver un emploi correspondant à ses qualifications en droit.
Dans ce drame social, Laure Calamy épouse totalement au rythme infernal que subit cette jeune femme prise entre sa famille et son travail, projetée dans une situation périlleuse. Eric Gravel filme la ville comme un William Friedkin l’a fait pour le polar (French Connection), en l’adaptant au social. De cette vie à cent à l’heure naît un suspense du quotidien.
Dynamique de l’attente
En 1973, Gérard Pirès sortait Elle court, elle court la banlieue qui traitait d’un nouveau phénomène urbain né des villes nouvelles en région parisienne, avec à la clé les transports. Le ton de comédie, avec Marthe Keller et Jacques Higelin, passe au drame. C’est la survie d’une famille éclatée dont il s’agit, un sujet et traitement naturalistes, mais abordé avec une mise en scène qui colle au bitume et aux rampes de métro. Un Paris de la classe moyenne, rarement aussi bien senti à l’écran.
L’urbanité est un sujet éminemment cinématographique. A résonnance sociale, il trouve dans A plein temps sa traduction dans une caméra nerveuse, mais qui favorise les plans fixes plutôt que le mouvement, comme pour marquer l’attente qui domine au bout du compte dans cette vie toujours en mouvement. Très beau, très juste dans son propos, son interprétation et sa mise en scène, A plein temps rejoint une série de films socio-politiques récents passionnants, comme Les Promesses ou Goliath. Immersif.
La fiche
Genre : Drame
Réalisateur : Eric Gravel
Acteurs : Laure Calamy, Anne Suarez, Geneviève Mnich
Durée : 1h25
Pays : France
Sortie : 16 mars 2022
Distributeur : Haut et court
Synopsis : Julie se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien. Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports. C’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au risque de sombrer.
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