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Accusations de viol : "Roman Polanski se met désormais dans les habits de Dreyfus", dénonce la militante féministe Coralie Miller

Pour le collectif Osez le féminisme qui publie une tribune mardi, Roman Polanski instrumentalise l'affaire et son film.

Article rédigé par franceinfo
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Les nouvelles accusations de viol contre Roman Polanski perturbent la promotion du nouveau film du réalisateur, "J'accuse" sur l'affaire Dreyfus. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le collectif Osez le féminisme publie mardi 12 novembre sur Médiapart, une tribune intitulée "Nous accusons", et qui vise le réalisateur Roman Polanski à la veille de la sortie de son dernier film, J'accuse, qui relate l'affaire Dreyfus.Roman Polanski, qui fait face à une nouvelle accusation de viol, "se met désormais dans les habits de Dreyfus, considérant qu'il est victime d'une cabale, d'une manipulation", a dénoncé sur franceinfo Coralie Miller, militante féministe, metteuse en scène et co-signataire de la tribune.

franceinfo : Que dénoncez-vous dans cette tribune ?

Coralie Miller : Nous accusons l'inversion de la culpabilité. Roman Polanski se met désormais dans les habits de Dreyfus, considérant qu'il est victime d'une cabale, d'une manipulation de la part d'inquisitrices que sont les femmes, à la fois ses victimes potentielles, et celles qui tentent de les défendre.

Estimez-vous que Roman Polanski utilise son oeuvre, et en l'occurrence l'affaire Dreyfus, pour façonner son image publique ?

Il dit dans des interviews qui ont eu lieu ces deux derniers mois que lui-même connaît la persécution. Et quand il déroule le fil de cette persécution, on en vient toujours aux femmes, qui le persécutent depuis 40 ans comme à l'époque les antisémites persécutaient Alfred Dreyfus. Autant vous dire que pour moi qui suis issue d'une famille juive, particulièrement touchée par le Shoah, ça me heurte d'autant plus.

Peut-on faire la distinction entre l'artiste et son oeuvre ?

Le problème, c'est qu'à partir du moment où l'artiste utilise lui-même son oeuvre pour pouvoir inverser cette accusation, il y a quelque chose qui ne va pas. J'insiste sur une chose : on n'appelle pas à la censure. Ce film c'est un film nécessaire sur l'affaire Dreyfus, au même titre que Le Pianiste était un film nécessaire et m'a personnellement touchée. Nous n'accusons pas les films en soi, c'est ce procédé d'aller les utiliser. Je rappelle qu'il y a quelques mois, Tariq Ramadan a aussi utilisé cette image d'Alfred Dreyfus. a veut dire quoi ? Ça veut dire que M. Dreyfus va devenir le porte-étendard de tous les hommes accusés d'agressions sexuelles et de viols ? Ce n'est pas possible.

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