« Albert Nobbs » : Glenn Close masculin-féminin
Synopsis : Au XIXème siècle, dans l’Irlande en proie à de terribles difficultés économiques, une femme se fait passer pour un homme afin de pouvoir travailler. Pendant trente ans, elle trompe son entourage, employée dans un hôtel sous le nom d’Albert Nobbs, en tant que majordome.
Sujet contemporain
A voir l’affiche, l’on croirait une comédie britannique, à la « Oh ! my God », sorti récemment. Il n’en n’est rien. « Albert Nobbs », adapté de la pièce de théâtre « La Vie singulière d’Albert Nobbs », de 1982 - tirée d’une nouvelle du XIXe siècle - est un drame. Un vrai. Glenn Close, dans le rôle-titre, l’a incarné sur les planches et cosigne aujourd’hui l’adaptation, coproduit et interprète cette honnête adaptation signée Rodrigo Garcia (« Mother and Child »).
L’investissement de Glenn Close dans le film, pour lequel elle est nommée aux Oscars de dimanche, se voit à l’écran. Le sujet sur une femme se travestissant en homme pour trouver et garder son emploi connaît un l’écho aujourd’hui, non dans son anecdote, mais ses résonnances quant à la notion de parité et de salaires hommes-femmes. Ecrite par un Irlandais du temps de la famine au XIXe siècle en Irlande, l’intrigue s’identifie quelque peu à la conjoncture actuelle.
Elégance
Motivée par des motifs sociaux, le travestissement du personnage draine avec lui toute la thématique qui lui est explicite, voire celle touchant la transsexualité. D’autant qu’Albert Nobbs veut se marier, à une femme, alors qu’« il » en est une. Cette décision découle de sa rencontre avec une autre femme travestie qui lui a devancé le pas sur ce terrain. Au-delà de l’homosexualité inhérente, ne sont-elles pas à changer de sexe ? L’élégance d’« Albert Nobbs » est de faire passer ce discours comme une évidence respectable. A savoir exposer des revendications comme légitimes pour s’insérer dans une société qui impose ses normes, sans prendre en compte les différences.
Glenn Close porte parfaitement la défroque de son majordome travesti, avec un coup de chapeau au maquilleur, lui aussi nommé aux Oscars. Rodrigo Garcia évite l’entretien de tout suspense à ce sujet, entrant d’emblée dans le vif du sujet. Le staff de l’hôtel est parfait et Janet McTeer en alter ego de Nobbs, est surprenante. « Albert Nobbs » se révèle un jeu de miroir entre masculin-féminin, conjoncture présente et passée, avec comme fil rouge l’image et la place de la femme par rapport l’homme dans nos sociétés contemporaines. Futé.
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