« Argo » : Ben Affleck signe un thriller haletant
De Ben Affleck (Etats-Unis), avec : Ben Affleck, Bryan Cranston, John Goodman, Alan Arkin, Kyle Chandler, Clea DuVall - 1h59 - Sortie : 7 novembre
Synopsis : Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Mais au milieu du chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays.
La planète des singes
Après « The Town » (2010) qui avait révélé les talents de réalisateur de l’acteur Ben Affleck, et un « Gone Baby Gone » (2007) plutôt bien accueilli, « Argo » rassemble une bonne partie de la critique autour de lui et c’est mérité. Affleck ressort de l’oubli, avec efficacité, une histoire qui a marqué l’Amérique à l’aube des années 80, pendant la prise d’otages de ses ressortissants, mais qui a été révélée bien après pour des raisons de sécurité.
L’histoire ? Celle de Tony Mendez, « exfiltrer » de la CIA qui a mis au point un scénario pour sortir de l’ambassade canadienne à Téhéran six Américains réfugiés de l’ambassade US, où 50 de leur collègues devaient rester 444 jours sous le joug des « gardiens de la Révolution ». Son plan : faire croire aux autorités iraniennes au relevé de lieux de tournages en Iran, pour un film de science-fiction canadien, au titre d’« Argo », dans la lignée de « Star Wars ». Son complice ne fut alors nul-autre que le génie du maquillage Paul Chambers (formidable John Goodman), oscarisé pour « La Planète des singes ». Cela ne s’invente pas.
Récupération
Le grand intérêt d’« Argo » est de mettre à plat l’organisation de l’opération. L’incrédulité de la CIA devant un tel scénario, des politiques, de Hollywood à sa participation à une mission d’une telle envergure ; la conviction de Mendez (Ben Affleck) dans son scénario, son organisation dans tous les détails, notamment celle d’une journée presse autour du faux projet de film, afin d’être relayé dans les journaux, pour « faire vrai » auprès des autorités iraniennes dans leurs investigations une fois sur place…
Tout cela est délicieusement minuté et mis en scène. Comme la phase finale, dont on connaît l’issue, mais qui distille un suspense insoutenable, jusqu’au dernier moment. La CIA, très mise à mal ces dernières années, ne peut que se réjouir d’une telle mise en avant de ses services dans un film qui fait l’éloge de son efficacité, même si demeurent quelques bémols. La fin, attendue, puisque connue, recoupe le classicisme hollywoodien des retrouvailles de la sacro-sainte famille américaine. Comment faire autrement en de telles circonstances ? Affleck aurait pu toutefois être plus sobre. C’est le seul reproche à ce film remarquable qui nous embarque vraiment sur une autre planète.
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