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"Asteroid City" de Wes Anderson déroute jusqu'à l'exaspération avec un casting de stars

Wes Anderson réunit une distribution incroyable dans un film sans queue ni tête revendiqué, un exercice de style à la Wes Anderson sur Wes Anderson.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Scarlett Johansson dans "Asteroïd City" de Wes Anderson (2023). (POP. 87 PRODUCTIONS LLC)

"L'important n'est pas de comprendre mais que cela soit beau", disait Godard. D’accord. Si Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel) nous a habitués aux scénarios les plus tordus dans des mises en scène stylisées avec des castings cinq étoiles, il pousse le bouchon un peu loin dans Asteroid City, avec Scarlett Johansson, Tom Hanks, Tilda Swinton, Jason Schwartzman, Adrian Brody et Margot Robbie, qui sort mercredi 21 juin.

Jusqu’ici tout va bien

En 1955, Asteroid City, ville-champignon minuscule située au milieu d’un désert du sud-ouest des États-Unis, est célèbre pour son gigantesque cratère de météorite antédiluvien. Le temps d’un week-end, cinq enfants surdoués sont invités pour présenter leurs inventions, alors que nombre d’autres personnes se croisent dans la plus grande confusion. Quand arrive un vaisseau spatial avec un extraterrestre qui subtilise les restes du météore, tout ce beau monde est mis en quarantaine.

Wes Anderson plante son décor en partant d’une scène de théâtre où l’auteur de la pièce lance le récit en plusieurs actes. Du noir et blanc et format carré de l’image, l’on passe à la couleur et au style graphique coutumier du réalisateur, sur fond de musique country qui ne quittera pratiquement plus le film. Jusqu’ici tout va bien. Quand les nombreux protagonistes débarquent, l’action devient de plus en plus confuse et volontairement incohérente, entre loufoquerie et non sens.

Clivant


L'absurdité d’Asteroid City peut irriter. Wes Anderson joue de cette provocation narrative pour bousculer les conventions et les spectateurs qui attendent les nombreuses stars du film. Mais ils risquent de cauchemarder en subissant ce que répète à loisir un des personnages du film : "je ne comprends toujours pas la pièce". Lieu d'un cratère, d'un trou, la ville qui donne son titre au film, Asteroid City, est construite sur du vide. Comme le film est dénué de narration et de dramaturgie en enchaînant des numéros, des tableaux, sans intrigue ni lien, extraterrestre compris.

Si l’on peut aimer ce genre subtil, il a aussi ses limites, et frôle ici le nombrilisme, voire le cynisme d’un entre-soi clivant. On reconnaîtra la mise en images sophistiquée et chatoyante d’Asteroid City, nostalgique et caricaturale de l’âge d’or des années 50 américaines. Le glamour de la distribution et l’humour décalé qui le traversent charment par moments. Mais le film risque de provoquer ce qu’un spectateur irrité a lancé en fin de projection à Cannes où le film était en compétition : "je n’irai plus jamais voir un film de Wes Anderson".

L'affiche de "Asteroïd City" de Wes Anderson (2023). (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)

La fiche

Genre : Comédie
Réalisateur : Wes Anderson
Acteurs : Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Tilda Swinton, Adrian Brody, Margot Robbie, Ruper Friend, Matt Dillon
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h45
Sortie : 21 juin 2023
Distributeur : Universal Pictures International France

Synopsis : Asteroid City est une ville minuscule, en plein désert, dans le sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique à proximité. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions. À quelques kilomètres de là, par-delà les collines, on aperçoit des champignons atomiques provoqués par des essais nucléaires.

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