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"Ben-Hur" freine son char dans un remake essoufflé

Remake du classique signé William Wyler avec Charlton Heston de 1959, "Ben-Hur" reflète une fois encore la crise des scénarios à Hollywood qui enquille suites, préquelles, et autres reboots depuis des lustres. Le choix à la réalisation du Russe immigré aux Etats-Unis Timur Beckmambetov ("Wanted") n’est pas pire qu’un autre. Il se retrouve à la tête d’un projet lourd, trop lourd, à assumer.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jack Huston dans "Ben-Hur" de Timur Bekmambetov
 ( Paramount Pictures / Philippe Antonello)

Simplification

Toutes les idées ne sont pas bonnes. Celle de ripoliner le péplum mythique de William Wyler en fait partie. Le roman de Lew Wallace avait fait, avant lui, l’objet de deux versions muettes en 1907 et 1925, puis d’une série en 2010. L’indéboulonnable classique de 1959 avait une durée impériale de 3h32 ; son remake de 2016 est amputé d’une heure et demie (2h04). N’est-ce pas le symptôme du resserrement d’une intrigue multiple, comme pour toucher un public moins patient, plus juvénile, sous l’emprise d’une accélération du temps médiatique ?

"Ben-Hur" met en équation les prémices de la chute de l’Empire romain, l’émergence du christianisme et un discours social, par l’intermédiaire du destin de deux frères ennemis. Un sujet qui mérite de s’y arrêter, de prendre son temps, avec une teneur romanesque épique, doublée d’une mise en images spectaculaire. Au regard de la version de Timur Beckmambetov, le résultat est lacunaire, et davantage l’ersatz d’un plan productiviste que d’un cinéaste maître de ses moyens. Alors que la tendance est à la complexité des intrigues et des personnages dans les séries télévisées, "Ben-Hur" 2016 va à rebours, en simplifiant les enjeux et la psychologie, tout en privilégiant l’image grâce au numérique.

Morgan Freeman dans "ben-Hur" de Timur Bekmambetov
 (Paramount Pictures)

Dreadlocks

On peut toutefois compter sur Timur Beckmambetov pour donner du punch à la mise en scène, à l’image de son "Wanted" de 2008, aux poursuites tonitruantes. Sa course de chars, morceau de bravoure de la version 1959, sur laquelle on l’attend au tournant, est très réussie, avec des points de vue différents et l’échappée d’un cheval dans les tribunes inattendue. Les visions de Jérusalem en plans aériens, accrochée au bord d’une falaise sont magnifiques et la bataille navale entre romains et grecs est courte mais bien filmée. En revanche, les costumes semblent parfois sortis d’une jeannerie ou d’une boutique indienne. Quant aux dreadlocks de Morgan Freeman, elles ridiculisent le personnage.

Il y a donc le meilleur et le pire dans ce "Ben-Hur" qui se résume à l’alignement des figures obligées du sujet, comme l’histoire du Christ, mal articulée, alors qu’elle est essentielle (la version 1925 s’intitulait "Ben-Hur : A Tale of Christ"). La balance penche au détriment d’un film visiblement malade du poids des contraintes commerciales, visibles dans un montage à l’emporte-pièce qui élague des pans entiers du récit. Comme s’il fallait faire vite pour en finir avec une production dont la mise en œuvre n’a que trop duré. Le film n’en reste pas moins un spectacle familial main stream du dimanche après-midi. Qualifié à tort de cinéaste "bourrin", Timur Beckmambetov sait filmer l’action, mais ici la cavalerie n’est pas à l’heure.

"Ben-Hur" : l'affiche française
 (Paramount Pictures France)

LA FICHE

Péplum de Timur Bekmambetov (Etats-Unis) - Avec : Jack Huston, Morgan Freeman, Toby Kebbell, Rodrigo Santoro, Nazanin Boniadi, Pilou Asbæk - Durée : 2h04 - Sortie: 7 septembre 2016

Synopsis : Judah Ben-Hur, prince romain d'origine juive adopté par une influente famille, est accusé à tort de trahison par Messala, son frère, officier de l’armée romaine. Déchu de son titre, séparé de sa famille et de la femme qu’il aime, Judah est réduit à l’esclavage. Après des années en mer, Judah revient sur sa terre natale dans le but de se venger. Il va y rencontrer son destin.

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