"Beyond Clueless" : les films pour ados passés au peigne fin
3 / 5 ★★★☆☆
Documentaire de Charlie Lyne (Grande-Bretagne), narré par Fairuza Balk - 1h29 - Sortie : 29 avril 2015
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Synopsis : Une étude approfondie, à travers plus de 200 classiques modernes, qui se penche sur le phénomène du teen-movie. Le film se concentre sur la période allant de 1995 à 2004 et revisite des comédies telles que Clueless, Dangereuse Séduction ou encore Lolita Malgré moi.
Socialisation
Alors que les films américains pour les adolescents remontent aux années 50, avec le plus célèbre d'entre eux "La Fureur de vivre" (1955, Nicolas Ray), les films d'Elvis Presley, et quelque "nanards", comme "Teenagers from Outer Space", "Beyond Clueless" se limite à la période 1995-2004, avec tout de même 200 films à la clé. Une approche méthodique, approfondie, commentée par Fairuza Balk ("Dangereuse alliance", "Presque célèbre"…) qui fut une des reines du "teen movie". Une excellente bande originale du duo électro pop Summer Camp n'est également pas un de ses moindres atouts. Britannique, d'abord critique, blogueur sur "Ultra Culture", puis chroniqueur pour le "Gardian", Charlie Line prend son sujet au sérieux, tout en restant léger dans la tonalité de son documentaire. Composé de plusieurs chapitres distincts, "Beyond Clueless" place au centre de la vie adolescente le lycée. La socialisation d'une jeunesse en mal d'indépendance, clanique, rythmée par des rites tels que le sport, le bal de promo ou la remise des diplômes de fin d'année. S'intégrer est la priorité de l'adolescent dans son lycée, d'où il émerge des icônes enviés, ou des marginaux, rejetés par la communauté. Deux profiles récurrents dans plus d'un film.
Universalité
Il résulte de ce contexte anxiogène, nombre de films inquiétants, fantastiques ou d'épouvante qui traduisent une fragilité existentielle mise à l'épreuve. Le refuge dans les excès sexuels, de boisson, de drogue est également récurrent, avec ces parties géantes dans des maisons dont les parents sont absents, dévastées au petit matin, si ce n'est le quartier entier ("Project X"), ou le fameux "Spring Break", véritable défouloir des étudiants avant leurs examens ("Piranha's 3D").
Si l'universalisme du cinéma américain n'est plus à démontrer, il reste étonnant de constater l'adhésion identitaire de toute une jeunesse mondiale, déconnectée de cet univers très étasunien. Il y a sans doute une fascination exotique pour les codes vestimentaires et fétichistes, les rivalités accompagnées de violence, et de mépris, l'esprit de revanche de ceux qui en sont victimes… "Beyond Clueless" dresse un itiniraire qui traduit aussi certainement une puissante catharsis. Pour les jeunes Américains, mais aussi une adolescence internationale, qui y voit un imaginaire fantasmé, où se transposent des problématiques communes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.